À partir de l’observation locale menée par le sociologue R. Challier, le mouvement des gilets jaunes révèle son pouvoir transformateur de la conscience de classe.
Des textes pour nourrir notre réflexion.(page 2)
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Il faut en effet savoir s'arrêter, prendre du recul, lire d'autres avis pour nous forger une opinion structurée et bâtie sur la réflexion et pas sur l'immédiateté si destructrice.
Cher Alain Finkielkraut,
Permettez-moi de commencer par vous dire « salamtak », le mot qui s’emploie en arabe pour souhaiter le meilleur à qui échappe à un accident ou, dans votre cas, une agression. La violence et la haine qui vous ont été infligées ne m’ont pas seulement indignée, elles m’ont fait mal. Parviendrais-je, dans cette situation, à trouver les mots qui vous diront simultanément ma solidarité et le fond de ma pensée ? Je vais essayer. Car, en m’adressant à vous, je m’adresse aussi, à travers vous, à ceux qui ont envie de paix.
Des algorithmes remplaçant les juges pour trancher des litiges mineurs ; des procès à distance, et déshumanisés, via la visioconférence ; des gardes à vue décidées par des policiers sans accord écrit d’un juge ; des plateformes numériques privées pour régler à l’amiable des litiges ; un accès à la justice trop onéreux pour les classes populaires… Science-fiction ? Aucunement : il s’agit de la réforme de la justice portée par la Garde des Sceaux Nicole Belloubet et discutée à l’Assemblée nationale. Sa « justice du 21ème siècle » commence à ressembler à un cauchemar pour l’égalité des droits et la démocratie. Le Syndicat des avocats de France, comme de nombreux acteurs du monde judiciaire, est vent debout contre ce projet. Basta ! s’est entretenu avec sa présidente, Laurence Roques.
Génération cariste: les «gilets jaunes» ont révélé le nouveau visage des classes populaires.
Depuis le début du mouvement des «gilets jaunes», une figure féminine, la mère célibataire exerçant un métier lié aux services à la personne, a émergé dans les reportages. Chez les hommes, les ouvriers interrogés travaillent plus souvent dans la logistique et les transports qu’en usine.
Parmi ces derniers, la présence des caristes est très révélatrice des effets de la désindustrialisation et de la mondialisation sur le monde du travail et le destin des classes populaires.
Recrutement parmi les métiers pénibles
Le mouvement des «gilets jaunes» a beau être hétérogène, les données de sondages dont nous disposons permettent de mettre en évidence certaines lignes de forces sociologiques du groupe qui s’est agrégé lors de la mobilisation.
Des violences policières aux violences judiciaires.
Débordé par un mouvement social inédit, le gouvernement français s’est lancé dans une surenchère législative, au risque d’entraver la liberté de manifester. Entretenant un rapport cynique avec la violence, il enjoint à tous de la condamner, sauf quand elle relève de sa responsabilité. À défaut d’issue politique, il joue le pourrissement et engage une répression sans précédent depuis les années 1960. En visite à Carcassonne, le 14 janvier dernier, M. Christophe Castaner surjoue son rôle de ministre de l’intérieur : « Moi, je ne connais aucun policier, aucun gendarme qui ait attaqué des “gilets jaunes” ; par contre, je connais des policiers et des gendarmes qui utilisent des moyens de défense. » La phrase arrache à M. Antonio Barbet un éclat de rire. Âgé de 40 ans, il habite près de Compiègne, dans l’Oise, où il occupait il y a encore deux mois un poste de chargé de clientèle intérimaire rémunéré au salaire minimum. Présent sur les ronds-points dès le début du mouvement des « gilets jaunes », il a manifesté pour la première fois à Paris le 24 novembre 2018. En fin d’après-midi, dans une rue alors calme à proximité des Champs-Élysées, les forces de l’ordre lancent une arme, très probablement une grenade lacrymogène de type GLI-F4. L’engin explose sur le pied de M. Barbet. Deux mois plus tard, il se déplace toujours avec des béquilles, et son contrat d’intérim n’a pas été renouvelé.
Journaliste indépendant, David Dufresne recense de façon méthodique, sur Twitter, les violences policières subies par les « gilets jaunes » depuis le début du mouvement. Le 19 janvier, au soir de l’acte X, il en avait déjà comptabilisé plus de 330, images à l’appui. Dans un ouvrage sur le maintien de l’ordre paru en 2007, il rappelait les mots du ministre de l’intérieur Dominique de Villepin (2004-2005) à propos de la doctrine hexagonale consistant à tenir les manifestants à distance : « Cette vision de l’ordre public fait partie du génie français. » Une décennie plus tard, des chercheurs dénoncent le « splendide isolement » d’un maintien de l’ordre désormais tourné vers l’action répressive et sourd aux méthodes de dialogue et de désescalade mises en œuvre dans d’autres pays européens.
Le mouvement des gilets jaunes, né à l’automne 2018, a déjà fait l’objet de nombreux commentaires politiques et médiatiques. Certains acteurs politiques ont dénoncé un mouvement séditieux et/ou réactionnaire, d’autres ont célébré une « insurrection enfin venue ». Quant aux commentaires scientifiques produits à chaud, ils ont surtout consisté dans l’analyse des racines structurelles de la mobilisation ou des mises en perspective historique, mais sans mettre en place d’enquête spécifique. Les premières enquêtes collectives en cours, principalement quantitatives, fournissent des informations bienvenues sur la sociographie d’ensemble des gilets jaunes, comme l’ancrage du mouvement au sein des classes populaires périurbaines ou vivant à distance des métropoles et le caractère transpartisan du mouvement. Néanmoins, comme pour toute forme d’expression politique, multiplier les enquêtes plus qualitatives et localisées est indispensable pour saisir de manière précise et ancrée les multiples logiques sociales qui ont pu favoriser une telle dynamique des gilets-jaunes. Les seuls travaux relevant d’une telle approche sont à ce jour une enquête réalisée dans des villages de Haute-Marne et l’autre à Dieppe. C’est à ce travail, nécessairement progressif et collectif, de réinscription des « ronds-points » des gilets jaunes dans leurs différents territoires, que souhaite contribuer ce texte, contextualisation d’autant plus nécessaire dans le cas d’un mouvement très diversifié politiquement, socialement et souvent basé sur des réseaux d’interconnaissance.
La défense des juifs, ultime morale des pouvoirs que leurs peuples désavouent.
D’une poignée d’abrutis de fin de semaine est ressuscitée l’infamie antisémite, qui serait la vérité de l’insurrection des ronds-points, dévoilée par trois ivrognes faisant la «quenelle» dieudonnesque dans un métro et trente beuglards ayant chanté la même «quenelle» devant les marches du Sacré-Cœur, les ivrognes parlant mal à une vieille dame juive indignée de leur crasserie, les beuglards profanant le «Chant des partisans», dont l’air volé soutient leur pornographie scandée de «dans ton cul». De vomissures, on fait de la politique.
L’indignation est maîtresse de l’heure, et on m’avertit contre ces chemises brunes françaises qui rejoueront l’histoire, toujours la même, de la populace au pogrome, foule lyncheuse de policiers républicains et de juifs à la fois: «stop!», comme dirait un porte-parole du gouvernement, contempteur de la France des clopes et du diesel, ces svastikas symboliques finement repérées.
Alain Juppé au Conseil constitutionnel : une grande expérience du droit pénal…
L’arrivée d’un politicien incompétent et au lourd passé judiciaire au Conseil Constitutionnel est un scandale de plus pour ce pouvoir. Qui témoigne répétons-le d’une totale absence de principe et d’une volonté d’instrumentaliser notre cour suprême. Et cette mesure est soutenue voire applaudie, par tous ceux qui avaient fait des gorges chaudes contre la nomination à la cour suprême des États-Unis par Donald Trump d’un magistrat respecté, à qui on reprochait sans preuve des paroles soi-disant inconvenantes prononcées 50 ans plus tôt, à l’âge de 17 ans dans une surprise-partie.
Ces gens-là sont prêts à tout.
Hypocrisie des armes non létales
Devant l’horreur soulevée par les images des morts infligées par leurs armées dans le cadre d’opérations de guerre moderne (maintien de la paix, sécurité, etc.), les Occidentaux se sont lancés dans le développement d’armes nouvelles, destinées à paralyser l’adversaire plutôt qu’à le détruire. En dépit de cette rhétorique a priori séduisante, les armes dites « non létales » ne font, en fait, qu’élever le niveau de la violence, en élargissant la palette des techniques de répression. Si les pays démocratiques laissent leurs fabricants d’armes développer cet attirail, il sera exporté vers des lieux où l’on hésite moins à brutaliser les populations.