Toulouse le 19 / 03 / 2012. L'humanité brisée.
J’hésite, et puis j’écris quand même. Toulouse aujourd’hui a plongé au plus profond de l’horreur. Le comble de la violence, le summum de l’inhumanité. Car c’est bien de cela dont il s’agit ! L’expression de ce qui est de pire dans l’homme. Son aptitude à gommer des millénaires d’évolution, de bannir la raison pour ne laisser émerger que la violence, la haine, une férocité sans limite. Exprimer ce que je ressens dans cette situation est hors de mon registre. Je n’ai pas les mots.
En pareille situation, l’expression de sa compassion est chose impossible. Tous les mots que l’on peut prononcer ne sont rien face à la détresse de ceux qui sont touchés. Frappés dans ce qu’ils ont de plus essentiel, des enfants qu’ils rêvaient de les voir leur survivre et les perpétuer, ou des compagnons qui auraient du les accompagner et les soutenir à jamais.
J’hésite, et puis j’écris quand même. Ce ballet de personnalités autour de ce drame immense à quelque chose d’indécent. Il faut être là et être vu. Pourquoi mettre en avant l’appartenance religieuse ou la profession des victimes ? Pourquoi, à la télévision ce soir, a-t-on parlé du soutien des politiques, de l’église catholique, en omettant le soutien des hauts responsables du culte musulman ? Les victimes sont simplement des humains et cela suffit à rendre ces crimes insupportables, inexpiables.
J’hésite, et puis j’écris quand même. Avec d’autres mots. Ceux de la colère ! Qu’il puisse y avoir de pareils fauves qui passent à l’acte n’est pas le simple fait du hasard, ou le fait de « malades » isolés. Ce (ou ces ) tireurs qui se sentent autorisés à mitrailler, mutiler, assassiner, qui sans doute s’imaginent légitimes dans leurs actions ultimes, témoignent d’un climat ambiant qui en d’autres moments et d’autres lieux, au travers de discours stigmatisants, désignent des victimes toutes faites à ces esprits déments.
J’hésite, et puis j’écris quand même. J’accuse tous ceux qui jouent et ont joué avec les peurs, les ressentiments, les haines, les boucs-émissaires, la stigmatisation de minorités ethniques, religieuses, politiques, de générer et d’armer ces meurtriers.
Gabriel Sandler 4 ans, Arieh Sandler 5 ans, Jonathan Sandler 30 ans, Myriam Monsonégo 7 ans, abel Chennouf 25 ans, Mohamed Legouad 24 ans, Imad Ibn Ziaten 30 ans, quel que soit votre ciel, puissiez-vous trouver l’étoile où vous perpétuerez cette humanité à laquelle vous avez étés tragiquement arrachés.
Lisez également le texte de mon amie Stéphanie. Drame de Toulouse et Montauban