Niger, FMI, pauvreté! Sous l'oeil de madame Lagarde
Deux ou trois mots sur le Niger.
Ce pays est un des plus mal classés en ce qui concerne le développement humain. 61% des habitants ont moins d’un dollar par jour pour survivre, un enfant sur cinq meurt avant d’avoir atteint l’âge de 5 ans (principalement de malnutrition et de maladies évitables). Le taux d’analphabétisme y est de 85%. Ce chiffre vertigineux est dû à une très faible scolarisation, surtout des filles. L’UNICEF a déclaré que « la précarité des moyens d’existence des femmes a de graves conséquences sur l’accès des enfants à l’éducation, et sur l’abandon et la traite des enfants. »
Pourquoi ce modeste coup de projecteur sur ce pays me direz-vous ? Simplement (si j’ose dire) pour faire suite à un précédent article concernant « l’inconvenance de Mme Lagarde » qui déclarait sans sourciller « Je pense davantage aux enfants dans une école d’un petit village du Niger, qui ont deux heures d’école par jour, partageant une chaise pour trois (…). Je pense qu’ils ont besoin de davantage d’aide que les gens d’Athènes »
Ce que Mme Lagarde oublie de nous dire, c’est que le budget du Niger a été « sauvagement » élagué sur injonction du FMI. Pour les deux tiers, les coupes effectuées ont touché les secteurs sociaux. Le budget de l’Education nationale a été le plus touché, suivi par ceux de l’agriculture et de la santé. Excusez du peux… Le FMI et sa directrice participent donc à la déstructuration délibérée de l’ensemble de l’économie nigérienne.
Alors, quand cette « dame » vient les yeux humides nous dire qu’elle est plus préoccupée par le sort des enfants africains que du peuple grec, elle ferait mieux de se taire. Taire les sacrifices imposés au Niger : la baisse des taxes à l’importation, la suppression des barrières douanières, la privatisation des entreprises publiques (Vivendi au lieu de la société nationale de gestion de l’eau), la suppression de l’office national vétérinaire qui a conduit à l’appauvrissement du cheptel de bovins, la liquidation des réserves alimentaires avec comme conséquence l’augmentation du rythme des famines.
Si madame Lagarde a tellement envie d’aider ce pays, qu’elle suggère donc à Areva d’augmenter la redevance pour l’exploitation de l’uranium, qu’elle demande à ses amis pétroliers chinois d’en faire de même. Et puisqu’elle ne paie aucun impôt sur salaire au FMI, qu’elle en reverse donc une partie pour acheter quelques chaises à ces enfants nigériens.