Migrant song
ls ont semé haine et violence, mais force est de croire que le terreau était propice
Nous avons aujourd’hui des coupables désignés
Migrants … Misérables en haillons…
Chacun trouve en l’autre le responsable de ses propres maux, de sa propre déroute personnelle
Plus de réflexion, plus de distance, le responsable désigné est tellement pratique
Alors, nous voyons flamber les haines
Les peurs ancestrales se réveillent, tout devient danger
Nous avons fermé les cœurs et les âmes
Nous verrouillons nos portes
Nous avons longtemps vécu à l’abri des questions, satisfaits d’un bien être facile qui ne nous posait pas question
Il ne nous a pas gêné que notre confort soit synonyme de servitude pour d’autres
Aveuglés par la jouissance de la consommation et de la possession, nous avons ignoré les mains qui nous alimentaient
Des morts dans nos guerres, des morts sur nos chantiers, des morts dans d’infâmes usines à l’autre bout de la misère, des morts oubliés, niés, des morts par milliers, mais qui avaient la décence de mourir loin de chez nous
Horreur de l’indifférence
Et puis sont venus les barbares que nous avons créés, et laissés se répandre comme traînée de poudre. Expansion furieuse d’une folie meurtrière
Le monde est devenu cris, cauchemars, violence, mutilations, écrasement, infamie. Le sang coule, les larmes n’émeuvent plus personne au pays du « je vais bien merci »
Mais pourquoi tous ces gens refusent-ils désormais de mourir en silence sur leur terre ?
Pourquoi osent-ils aspirer à un peu de repos, de paix
Pourquoi se prennent-ils à rêver d’un autre avenir pour leurs enfants, que le néant qui les attend
Nous n’avons pas de réponse à tant de détresse
Pas de réponse ou plutôt pas la volonté d’en chercher une
L’imagination ne sert pas les pauvres
Ils frappent donc à la porte, ils ont vu de la lumière, ils ont cru qu’il y avait un gâteau à partager
Eux qui en avaient fourni une part non négligeable
Ils frappent à la porte, et parfois même ils entrent, les malotrus
La misère ose tout !
Alors, les petits d’ici prennent peur car on leur dit qu’ils sont menacés
Le pauvre gêne le riche mais effraie le moins pauvre
Ils posent à nos fenêtres l’image d’un avenir de souffrance, de servitude et de désespoir
Et c’est de cela dont nous avons peur
Alors, on crie
Dehors, restez chez vous ou retournez-y
Le problème n’est pas que vous mourriez
C’est surtout que vous ne mourriez pas ici !