A tous ces inconnus disparus en mer. Le silence coupable de l'occident!
es médias français ont leurs priorités :
Macron, Finkielkraut, l’anniversaire de la reine d’Angleterre, Hanouna (si, si), la candidature de Rama Yade à la présidentielle (si, si). Et tout ça tourne en boucle jusqu’à la nausée. Ils réduisent le monde à ce qu’ils croient que nous sommes capables de comprendre sans doute. Petit monde superficiel et sans intérêt, luttes d’égos, soupe libérale pour nourrir le petit peuple qui ne demanderait pas autre chose.
Et pendant ce temps, dans les eaux froides de la Méditerranée, meurent par centaines des gens dont la seule faute a été de fuir un pays en guerre, livré à la barbarie de hordes sauvages, fruit de l’incurie des puissances occidentales. Ces gens sans visage et sans nom, dont le nombre même reste inconnu et qui sont allés rejoindre tant d’autres dans l’abîme noir d’un gigantesque cimetière marin. Gens à la dérive dont personne ne réclamera jamais le corps, dont on ignorera l’histoire, les souffrances et les espoirs. Sans visage et sans nom ! Le naufragé qui emporte avec lui dans les grands fonds une parcelle d’humanité. A force de naufrages, c’est le monde qui coule et se dissout dans l’oubli. On n’en parle pas, on ne les compte pas, on va se dépêcher de les oublier car ils pourraient bien un jour nous forcer à nous regarder devant la glace et à nous trouver ignobles. Ignoble ce silence, ignoble ce refus de la main tendue, ignobles nos dirigeants qui ont semé le trouble et le chaos dans leurs pays, ignoble notre indifférence, ignoble notre tendance à refuser de nous reconnaître une part de responsabilité dans ce drame absolu.
Le dernier naufrage connu aurait emporté quelques 500 personnes selon quelques rescapés. Ils sont à tout jamais effacés du monde, oubliés de tous. Alors, bien modestement, j’écris ce petit message pour leur donner quelques moments d’existence. Je ne peux faire que ça.
Une liste de prénoms, de ces prénoms qui sont ceux des gens de leurs pays respectifs. Dans cette liste, peut-être celui d’un ou d’une disparue. Les lire, simplement, c’est donner un instant de vie à tous ces humains partis dans la fureur des vagues et les morsures du froid.
Rendez-leur, avec moi ce modeste hommage. Ils se nommaient peut-être:
Ola, Mohammed, Amena, Ahmed, Yana, Halil, Rima, Maohmmad, Liliane, Tarek, Lima, Hayyan, Lamma Dayoub, Jack, Qamar, Marwan, Haya, Elias, Riham, Firas, Aya, Johnny, Nooda, Sayid, Sara, Akram, Sandra, M’Shakour, Shayma, Victor, Amira, Bassel, Ranim, Miran, Souzan, Houmam, Nour, Ghaith, Asil, Burhan, Marten, Majd, Aseel, Anas, Zeinah, Nizar, Mais, Ocean, Kamar, Suske, Reem, Moonif, Alaa, Hanan, Sami, Areej, Fathi, Maya, Joram, Jodee, Elyas, Rasha, Ammar, Caiqing Wu, Yaman, Uri, Maan, Rifat, Li, Lely, Layal, Ohanna, Janic, Betiel Kiflemariam, Al-Bachara, Aman, Afewerki, Nahom, Asante, Arshiya, Hayleigh, Enass, Ajeeb, Farah, Ramzi, Nabila, Marwan, Kachi, Moha Hassam, Mustafa, Zainab, Zakaria, Ben Saidane, Wiss, Al-Abgari , Abdoul-Aziz, Ahme, Noor, Anam, Karen, Saif, Ayesha, Tariq, Usman, Mariam, Sunny, Sarah, Hamza, Faiza, Zakia, Naeem, Komal, Hajra, Ifrah, Waqas, Lintah, Farooq, Leah, Zahid, Zee, Kashif, Tooba, Bilal, Irfan, Kheezram, Umair, Ahme, Farhia, Salman, Sadiiq, Caleb, Khaalid, Abdul Shire…
Et tous ceux que nous ne connaîtrons jamais. Qu’ils trouvent la paix que personne n’a voulu ou pu leur apporter ici bas.