Migrants
A Karim Ibrahim, originaire du Soudan, mort le 8 mars sur une bouche d'aération à Paris.
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ang et larmes qui ruissellent jusqu’à la nausée
Marée de cris, épouvante
Ventre des femmes que l’on déchire
Yeux brûlants des enfants à qui on a volé l’espoir
Têtes qui roulent dans la poussière, yeux à jamais fermés
Et le douloureux chemin de l’exil
Esquifs improbables ballotés
La peur comme dernier bagage
Vent vagues écume
La noirceur impitoyable du naufrage
Corps échoués dans le sable blanc
Au bout du rêve
La fin du voyage dans de honteux barbelés
Plus de chez-eux, malvenus chez nous
Gens de nulle part
Juste une humanité en fuite
Leur vie jusqu’au désespoir jusqu’à la mort
Renoncer après avoir tant espéré
Les crissements de pneus le choc
Ou la nuit glacée qui sera la dernière
Et la vie qui s’arrête si loin du berceau, au bout de l’espérance
Disparus sans nom sans funérailles sans épitaphe sans histoire
Honteux silence des nations
La mort comme seule option.