Ils ont osé! Ceints de l'écharpe tricolore, signe de la République, ces élus indignes se sont opposés au passage d'un car de réfugiés. Ces derniers étaient attendus dans un centre d'accueil dans lequel ils devaient passer deux semaines.

La France de Voltaire et d'Hugo voit donc des élus du peuple se dresser face à des gens qui ont fui guerre et famine. "Ils ne passeront pas!" ont-ils sans doute pensé. Quelle affligeante réalité, quelle scandaleuse attitude. Les représentants du peuple de France sont donc prêts à se lever contre la solidarité, contre la fraternité, à rejeter celui qui souffre, prêts à le renvoyer loin de leurs petits murs de confort et de certitude.

J'aimerais savoir combien de gens, combien d'électeurs se reconnaissent dans cette attitude. J'aimerais savoir s'ils représentent véritablement le peuple ou s'ils le trahissent.

Nous vivons des jours sombres. Le refus de l'autre, du différent, du pauvre, du réfugié, du sans espoir, c'est le contraire de ce que devrait défendre et porter notre pays.

L'attitude de ces élus est, je le répète, indigne et scandaleuse. En d'autres temps, pour d'autres exodes, on frémit à penser quel camp ils auraient pu choisir.

Faut-il que ce pays ait vu grandir des peurs incompréhensibles, qu'il soit à ce point mentalement déstabilisé, intellectuellement appauvri, mû uniquement par l'intérêt personnel, l'égoïsme comme moteur, pour accepter pareille action.

Cette haine de l'autre mène tout droit à la haine de soi, ce repli sur soi mène à la schizophrénie, notre pays va mal et ceux qui devraient éclairer la route sont les premiers à laisser s'installer les ténèbres.

Où est l'humanité?