Les vieux deviennent indésirables...
Après mon article d’hier, je voudrais revenir sur le sort réservé aux vieux (donc à nous tous en fait) dans un futur proche. Ne croyons pas que l’ignominie soit spécifique au japonais et que nous serions à l’abri de pareille folie.
J’en veux pour preuve cette déclaration de l’ineffable Alain Minc, conseiller de l’ex-président.
« J’ai un père qui a 102 ans, il a été hospitalisé 15 jours dans un service de pointe. Il en est sorti. La collectivité française a dépensé 100 000 € pour soigner un homme de 102 ans. C’est un luxe immense, extraordinaire pour lui donner quelques mois, ou quelques années de vie (…) je trouve aberrant que l’État m’ait fait ce cadeau à l’œil (…) je pense qu’il va falloir s’interroger sur le fait de savoir comment on va récupérer les dépenses médicales des « très vieux », en mettant à contribution, ou leur patrimoine, quand ils en ont un, ou le patrimoine de leurs ayant droit ».
N’ayons pas la faiblesse de penser que cette déclaration n’évoquerait qu’une simple affaire familiale. Il s’agit bien plus de l’expression décomplexée d’une conception libérale qui voit en toutes choses une simple affaire de management. Soigner des improductifs est un insupportable gaspillage. Aucun retour sur investissement possible.
Malheureusement, cette pensée n’est pas isolée.
Le MEDEF a proposé le 15 janvier, que la hausse des pensions de retraite soit inférieure à l’inflation jusqu’en 2017. Les syndicats sont contre. La CFDT pourrait l’accepter.
Dans une interview aux Echos (15 janvier), le ministre du budget, Jérôme Cahuzac, a estimé que cette désindexation serait un « élément d’appréciation très important » pour le gouvernement. (Vous savez, ce gouvernement qui devait s’attaquer à la finance.
Voila ! L’idée fait son chemin, petit à petit. Nous allons bientôt voir émerger la notion de « fin de droit de vivre ». Après les objets jetables, l’humain se voit lui aussi soumis à l’obsolescence programmée. Ne reste plus qu’à définir la « date limite de prise en charge ».
Nous en aurons alors définitivement fini de ce qu’il restait de solidarité dans notre société.