Disons non au modèle allemand!

Qui a dit modèle allemand ?

J’ai entendu hier Hollande parler d’horizon commun avec l’Allemagne, et j’ai eu peur. Par principe, je déteste cette propension qu’ont les dirigeants à se référer à des modèles. Pourtant, l’histoire récente montre combien ils sont fragiles, et souvent dramatiquement insatisfaisants.

Pour ce qui est de l’Allemagne, le modèle est déjà sérieusement ébréché et j’ai du mal à comprendre en quoi elle peut être un horizon qu’il nous faudrait viser.

Prospérité ? Mais de quoi parle-t-on ? Baisse du chômage ? Mais à quel prix. Regardons d’un peu plus près ce miracle allemand.

La baisse du chômage en Allemagne cache quelques réalités incontournables.

Le faible taux de chômage allemand est lié au fait que l’Allemagne a perdu environ 500.000 habitants depuis l’an 2000, pendant que la France en gagnait 5 millions. Stabiliser le chômage implique de créer beaucoup plus d’emplois en France qu’en Allemagne.

Même s’il ne faut pas le dire trop fort, les allemands travaillent moins longtemps que les français car ils ont davantage réduit leur temps de travail depuis 20 ans. Rajoutons à cela les « minijobs » à moins de 400 euros par mois qui expliquent le faible niveau de chômage allemand.

La conséquence la plus visible de cette problématique allemande est l’augmentation constante de la pauvreté dans ce pays. Le taux de pauvreté atteint 15,2%. «Une personne sur sept est pauvre ou menacée de pauvreté».

L'écart entre riches et pauvres a augmenté comme a augmenté l’écart entre régions riches et régions moins prospères. S’il atteint tout juste 11% dans les länders les plus riches, il dépasse 20% dans les plus pauvres. Résultats, « des centres pour jeunes ou personnes âgées, des bibliothèques, des piscines ferment, des régions entières sont plongées dans une spirale du déclin», selon Ulrich Schneider, qui désigne la région de la Ruhr, ancien bastion industriel de l'Ouest de l'Allemagne, comme la plus problématique.

Et bien, si c’est cet horizon qui nous est proposé, il convient de refuser le voyage. C’est en effet vers un naufrage que le Président français nous dirige et nous devons légitimement refuser l’aventure. S’il est un modèle qui doit nous inspirer, nous devons le trouver chez nous.