Ces financiers qui tirent les ficelles


Comment ne pas croire que ce sont bien les banques qui tirent les ficelles.

 

Pour exemple, regardons du côté de ce qu’il est convenu d’appeler « le lobby des banques » en France.

Sa vitrine, la « Fédération Bancaire Française ». Elle représente toutes les banques installées en France (selon les sources, de 450 à 500 «établissements).

 

Ses objectifs : « promouvoir l’activité bancaire et financière sur les marchés français, européens et internationaux, définir les positions et propositions de la profession vis-à-vis des pouvoirs publics et des autorités du domaine économique et financier. Elle diffuse également des normes, bonnes pratiques et recommandations professionnelles et met son expérience à la disposition de ses membres. La FBF a aussi pour mission d’informer les banques adhérentes de toute question relative à leurs activités. » Peut-on traduire autrement que par lobbying ?

 

Son budget : 38 millions d’€.

 

Ses dirigeants :

Président, Frédéric Oudéa : Il est ancien élève de l'Ecole Polytechnique et de l'ENA. Inspecteur des finances, il a notamment travaillé en 1993 au cabinet de Nicolas Sarkozy, alors ministre du Budget et de la Communication, chargé notamment des questions sociales. En 1995, il entre à la Société Générale. Après avoir occupé différentes fonctions à Londres et au siège français de la banque, il en devient le directeur financier en 2003. Suite à l’affaire Kerviel, il devient directeur général de la Société générale en 2008, puis PDG en mai 2009. Il est membre de l’Institut de la Finance internationale.

 

Directrice générale, Ariane Obolensky : Diplômée de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, de l’ENA, elle commence sa carrière à la direction du Trésor. En 1985 elle est directrice de cabinet du Directeur du Trésor. Présidente du comité exécutif de la Fédération Bancaire Européenne, présidente d’OSEO, présidente du centre Français du Commerce Extérieur, elle est membre du bureau du Medef.

 

Directeur général délégué, Pierre de Lauzun : Lui aussi polytechnicien et Enarque. Au service du premier ministre de 1975 à 1981 (notamment R. Barre), Direction du Trésor de 1981 à 1987, Directeur Général adjoint groupe CIC 1987-1994, Président du directoire de UIC (groupe GAN) 1994-1998, Président « d’Archon group » (groupe Goldman Sachs), depuis 2001, FBF et AMAFI (Association Française des Marchés Financiers).

 

Voici donc un magnifique trio, que l’on retrouve dans tous les ministères, depuis des années, qui survivent à tous les régimes, qui sont à la fois juges et parties puisque impliqués dans la banque et dans le fonctionnement de l’Etat.

 

Les politiques ne font rien sans en avoir débattu avec ces personnes et leurs instances.

En effet, on apprend que les équipes de François Hollande qui sont mobilisées sur son  projet présidentiel dont un des objectifs avoué consiste à recentrer les banques sur le financement de l'économie réelle, multiplient les  séances de travail. Les ténors du PS consultent les grands banquiers, dans le secret de déjeuners d'affaires.

 

Pierre Moscovici, directeur de campagne de M. Hollande, a rencontré le PDG de la Société générale, Frédéric Oudéa. Michel Sapin, chargé du projet, et l'ex-premier ministre Laurent Fabius discutent avec les patrons de BNP Paribas et la directrice de l'influente Fédération bancaire française (FBF), Ariane Obolensky. Le président de la commission des finances de l'Assemblée nationale, chargé du budget dans l'équipe de campagne, Jérôme Cahuzac, le député du Rhône Pierre Alain Muet* sont aussi très impliqués dans la réflexion.

 

Donc, sans ces personnages de l’ombre, aussi discrets qu’incontournables, sans « la bénédiction » de la finance, rien de possible. Ceci étant, cela met un sérieux bémol aux assertions de l’UMP voulant laisser croire que le monde de la banque et de la finance est en tous points hostile à l’arrivée au pouvoir de F. Hollande et de ses équipes.

 

 

*Député de Lyon depuis 2007, Pierre-Alain Muet est vice-président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, porte-parole du Groupe sur les finances et le budget et membre du secrétariat national du PS. Professeur d’économie à l’Ecole Polytechnique et à l’Institut d’études politiques de Paris de 1980 à 2004, il fut directeur à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) de 1981 à 1997. Conseiller auprès du Premier ministre Lionel Jospin, il a fondé le Conseil d’analyse économique en 1997 et en fut le premier président délégué. De 2001 à 2008, il fut adjoint au maire de Lyon et vice-président du Grand Lyon chargé du développement économique. Il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages d’économie et de politique économique. Derniers ouvrage publiés : « Un impôt citoyen pour une société plus juste », 2010 ; « Une fiscalité au service d’une croissance durable », 2010 ; « Taxer les transactions financières », 2011 ; « contre-vérités et tristes réalités des années Sarkozy », 2012.

 

 




29/04/2012
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