Réactions à chaud au premier tour des présidentielles.
Première remarque concernant la publication des résultats ou plutôt l’interdiction de publication.
Pendant deux heures, les journalistes occupent le temps sans donner de chiffres mais en commentant l’ambiance dans les meetings. Les envoyés spéciaux eux se laissent aller à quelques petits écarts. « Il va y avoir une petite surprise. », « les militants socialistes montrent leur joie », « nous recevront Sarkozy et Hollande entre les deux tours ». Tout le monde avait les résultats, mais pas de déclaration officielle. Quelle hypocrisie. Pourquoi ne pas faire simple. Une heure unique de fermeture des bureaux avec interdiction de réaliser les études avant cette heure de fermeture ?
Les premiers chiffres tombent.
Hollande en tête, Sarkozy avec un score piètre, Le Pen avec un score élevé, supérieur de plus de 2 millions de voix à celui de son père en 2002, Mélenchon très en dessous des dernières prévisions, Bayrou qui s’effondre en devenant le centre mou, Joly qui enterre l’écologie avec 2% et des poussières (radioactives ?).
Que dire ?
Que malgré les déclarations de Copé et Juppé, L’extrême droite progresse, alors que Sarkozy est clairement désavoué. Malgré une campagne « extrême-droitière », les électeurs ont préféré aller vers l‘original plutôt que vers la copie de circonstance.
Que le résultat décevant de Mélenchon peut s’expliquer par un brusque déplacement d’une partie de l’électorat ne voulant pas revivre la déception de 2002, priorité à l’élimination du sortant ! Seconde raison peut-être, comme je l’écrivais dans un précédent article : « Le rassemblement actuel sous sa bannière n’est-il pas trop hétéroclite pour ne pas exploser entre les deux tours au lieu de constituer la naissance d’une vraie force politique capable d’imposer une nouvelle vision de la société. » Je me trompais juste sur le moment ou aurait lieu la désintégration de ce qu’on pourrait peut-être nommer un électorat de circonstance ou d’opportunité.
En tout état de cause, la comparaison des chiffres FN / FDG pose un réel problème pour l’avenir proche et plus lointain. Si la stratégie de JLM était, au travers d’un score élevé au premier tour, de faire pression sur François Hollande et de confirmer cette position lors des législatives, ce n’est pas une réussite.
Cette contre-performance montre, et c’est plus grave, que les français n’adhèrent pas aux thèses fortes du FDG. Que les thèses xénophobes et simplistes du FN séduisent deux fois plus d’électeurs que celles du FDG.
On va immanquablement assister dans les jours qui viennent à une redistribution des cartes. Pour gagner, Hollande va devoir faire le plein des voix de gauche, et réussir à arracher un nombre non négligeable de voix aux centristes, et surtout au FN. Sinon, le compte n’y sera pas ! Pour gagner, Sarkozy va devoir presser le citron de l’électorat de droite jusqu’à la dernière goutte. Pour ce faire, il n’a pas d’autre solution que de pousser plus à droite encore sa campagne. Sa stratégie qui consistait à pousser Mélenchon pour effrayer l’électorat centriste au second tout a fait long feu. La poussée de Marine Le Pen a ruiné cette option. Il doit à nouveau radicaliser ses positions ! On risque d’assister à une seconde moitié de campagne « violente ».
En résumé ce soir, je dirai qu’il faut garder à l’esprit le glissement progressif des français vers les thèses de l’extrême droite, et la nécessité d’éliminer ce candidat qui a aidé à banaliser l‘intolérable, à imposer la haine de l’autre comme crédo, à flatter chez les français les instincts les plus bas.
Que, le 6 mai, le président sortant ne soit plus qu’un mauvais souvenir. Que les amoureux de ce pays et de ce qui en a fait la grandeur sachent qu’ils ont plus que jamais un combat à mener et à gagner, celui de la grandeur.
Nous le rappellerons sans trêve à celui qui succédera à ce lamentable président.