Angela Merkel: faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais!
Angela Merkel se veut donneuse de leçons au reste de l’Europe. Elle se démène pour imposer des mesures qu’en fait elle n’impose pas à son propre pays.
La prétendue performance de l’Allemagne ces dernières années est juste due au fait que ce pays ne pratique pas chez lui les remèdes proposés aux autres. Je dis prétendue performance, car, si on se penche un peu sur la réalité, elle apparaît moins idyllique.
Sur vingt ans, les performances de l’Allemagne ne sont guère différentes de celle de la France. Et si on pose la loupe sur les dernières années, que constate-t-on ?
Sur cette période de vingt ans, l’Allemagne a créé deux fois moins d’emplois que la France. Le pays a plutôt mieux « supporté » la crise de 2009 que les autres pays. Et elle a réussi cet « exploit » en pratiquant l’inverse de ce qu’aujourd’hui elle impose aux pays en crise. Refus de la flexibilité, conservation des ouvriers dans les entreprises, maintien du pouvoir d’achat… Au sortir de la crise les entreprises n’ont pas eu à réembaucher ni à former. Comme quoi, la flexibilité n’est pas «la solution » aux problèmes d’emploi et à la survie des entreprises.
Autre solution allemande, elle aussi aux antipodes des préconisations en vogue ! La part des salaires dans la valeur ajoutée qui était de 55,1 % en 2007 est passée à 58,4 %. C’est donc une augmentation de 3,4 points en cinq ans pour les salaires aux dépens des profits. Cela ressemble bien peu à l’austérité de fer imposée aux salariés espagnols, aux grecs ou aux italiens… Dans ces pays, la part des salaires dans la valeur ajoutée a baissé : de 5 points en Espagne, de 3 points en Grèce entre 2007 et 2012. Conséquence, ces pays ne parviennent pas non plus à rétablir leurs comptes publics…
Ce court article pour montrer que l’Allemagne surnage en faisant le contraire de ce qu’elle impose aux autres et de rappeler qu’au temps où elle menait elle aussi une politique stricte d’austérité, elle s’en portait nettement moins bien.
Conclusion, l’Allemagne n’est pas ce modèle de vertu qu’elle prétend être, et elle est bien mal placée pour donner des leçons de conduite aux reste de l’Europe.
La question que je me pose : Qui se lèvera pour le dire à Angela Merkel ?