Week-end du Premier ministre : Un avion de la République pour 255 kilomètres


Quand il se rend chez lui, à 1 h 20 de TGV de Paris, le Premier ministre emprunte un avion de la République. Autorisé, mais légèrement absurde.

 
L'aller-retour effectués par le Premier ministre entre Vélizy-Villacoublay et l’aéroport d’Angers-Marcé peut être évalué à 27.000 € SIPA

Armés d’appareils photos, une vingtaine de personnes stationnent face à quatre gendarmes derrière la grille du petit aéroport d’Angers-Marcé, dans la Sarthe, à quinze kilomètres d’Angers. Aux couleurs de la République française, le Falcon 7X du Premier ministre, François Fillon, vient d’atterrir, comme tous les dimanches après-midi. Nous sommes le 20 février 2011, il est très exactement 15 h 15. Et là, les commentaires fusent : « Il pourrait prendre le TGV », « C’est nous qui payons ». Les photographes amateurs mitraillent le Falcon 7X. Ils sortent du musée de l’Aviation, édifié sur l’aéroport d’Angers-Marcé. Ces habitués râlent. Mais en réalité, ils espèrent que le Premier ministre, qu’ils surnomment affectueusement « François de Solesmes » (du nom de sa commune de résidence, à 50 km de là), vienne les saluer. 

 

Discrétion

Tout a commencé lorsque François Fillon a été nommé Premier ministre, le 17 mai 2007. Au début, pour rejoindre sa propriété de Solesmes, à mi-chemin entre Angers et le Mans, François Fillon a utilisé un hélicoptère Super-Puma de l’Armée de l’Air. Le ballet se répétait toutes les semaines. Il suivait l’exemple de François Mitterrand qui, durant les quatorze années de son septennat, a utilisé presque tous les week-ends le même hélicoptère pour voyager, en compagnie de Mazarine et de sa maman, entre Paris et Clermont-Ferrand.

Très vite, pour rentrer chez lui le week-end, le Premier ministre a délaissé le Super-Puma pour des avions gouvernementaux, le Falcon 900, puis le Falcon 7X. Un habitant de Solesmes témoigne : « Le bruit des turbines du Super-Puma est tellement puissant et reconnaissable que tout le village et ses environs savaient que le Premier ministre était arrivé pour le week-end. »

Loin du bling-bling

En effet, loin du bling-bling parisien, François Fillon le terrien vient se ressourcer pratiquement tous les week-ends dans son petit manoir de Beaucé. Edifié au XVIIe siècle par des descendants de Du Guesclin, il surplombe un joli terrain en pente, des bois et des prés. Ici pâturent les chevaux shetland de son épouse, Pénélope Fillon, à côté du tracteur du Premier ministre. Dans son magnifique village médiéval de Solesmes, François Fillon n’est qu’un conseiller municipal.

Bienfaiteur

Solesmes fait partie de la communauté de communes de Sablé-sur-Sarthe, une ville dont François Fillon a été le maire de 1983 à 2001. Cette ville de 13.000 habitants, dont il est le député depuis 1981, et ses alentours ont bénéficié des attentions de François Fillon. Il y a favorisé le maintien du tissu industriel, avec 12.000 emplois pour 28.000 habitants. Il y a favorisé la filière agroalimentaire (production de veaux, vaches, porcs et poulets) d’une usine de voitures électriques, et surtout la création, en 1989, d’une gare TGV à Sablé-sur-Sarthe. Les riverains admettent : « Il n’y avait aucune raison pour que le TGV s’arrête entre le Mans et Angers, mais on ne va s’en plaindre. »

Avion, TGV ou voiture… mêmes durées

Le TGV a mis le fief du Premier ministre à une 1 h 20 de Paris-Montparnasse. Cette gare est elle-même à dix minutes de l’hôtel Matignon pour un convoi officiel. Mais François Fillon boude le TGV. Il emprunte systématiquement le Falcon 7X aux couleurs de la France, à l’initiative des services de sécurité. Pourtant, sans parler du prix, sur ce trajet le TGV est imbattable en temps ; il met le bureau parisien de M. Fillon à deux heures de sa résidence de Solesmes.

Pour démontrer la supériorité du TGV sur l’avion, retournons sur l’aéroport d’Angers-Marcé, le dimanche 20 février 2011 à 15 h 15. Le plein refait et moteur tournant, le Falcon 7X de l’Etec (escadron de transport d’entraînement et de calibration) attend le Premier ministre qui arrive à 16 h 15 dans une C6, escortée d’une Vel Satis et d’une Espace. Pour venir de Solesmes, sa C6 met une demi-heure en empruntant l’autoroute A11. Une fois dans l’avion, François Fillon va attendre vingt minutes pour décoller, c’est le temps des procédures aériennes. Ensuite, le 7X rallie l’aéroport de Villacoublay en une demi-heure. Muni d’un gyrophare, une autre C6 le conduit en 25 minutes à l’hôtel Matignon. Faisons les comptes : entre parcours routiers, procédures au sol et vol, 1 h 40 à 1 h 45 minutes en Falcon. Avec le gyrophare et la sirène deux tons, la C6 du Premier ministre ne mettrait pas plus de 1 h 45 pour relier, par l’autoroute A11, le village de Solesmes à l’hôtel Matignon. Conclusion : en TGV, en voiture officielle ou en avion, les temps de trajets sont très proches… mais nettement plus chers en Falcon 7X (voir ci-dessous).

Un usage de la Ve République

Alors pourquoi le Premier ministre, réputé rigoureux et soucieux d’équilibre budgétaire, préfère-t-il le Falcon 7X au TGV ou à la voiture ? En fait, François Fillon se conforme aux usages de la République française en matière de déplacements des plus hautes personnalités de l’Etat.

En effet, le président de la République et le Premier ministre sont tenus, « pour des raisons de sécurité », de voyager sur les vols de l’Etec (avions de l’armée de l’air), même lorsqu’ils se déplacent pour des raisons privées. Dans ce cas, ils paient personnellement leur place, ainsi que celle des membres de leurs familles, sur la base d’un tarif kilométrique commercial.

Le vendredi 18 février dernier, François Fillon avait débarqué du Falcon 7X à Angers-Marcé, vers 18 h 30, pour aller présider à 19 heures le conseil de la communauté de communes de Sablé-sur-Sarthe. Le lendemain, il a posé la première pierre d’une école à Pruillé-le-Chétif, fief communiste dans la banlieue du Mans, pour soutenir le candidat de l’UMP, à la veille des cantonales. Le dimanche 20 février, François Fillon s’est reposé dans sa propriété, avant de prendre à nouveau le Falcon 7X. Dans ce cas précis, il ne semble pas tenu de payer le voyage.

Nous avons interrogé le service de presse du Premier ministre, sur la pertinence de ces déplacements systématiques en avions, plutôt qu’en TGV ou en voiture, sur une aussi courte distance. La réponse fut immédiate : « Voyager en train obligerait les services de sécurité à déminer systématiquement le TGV, à l’aller comme au retour, causant de graves désagréments pour les passagers. Quant à la voiture, c’est une question de temps, et aussi de sécurité. »

Sur ce trajet, l’avion est-il plus sûr que le TGV ? Réponse demain dansFrance-Soir, pour le second volet de notre enquête.

Comment font-ils ailleurs ?

A notre époque, placée sous le signe de l’austérité budgétaire et des économies, les Premiers ministres étrangers donnent l’exemple de la simplicité et de l’économie. Le week-end, la chancelière allemande Angela Merkel rejoint sa résidence secondaire, à une centaine de kilomètres au nord de Berlin, au volant de sa voiture personnelle. La semaine, elle fait ses courses au supermarché, près de la chancellerie, où elle fait la queue comme tout le monde et règle avec des espèces tirées de son porte-monnaie. Trois gardes du corps ne la lâchent pas d’une semelle, mais de manière extrêmement discrète.

Même philosophie à Londres où le Premier ministre anglais, David Cameron, délaisse le plus souvent sa jaguar blindée et les avions gouvernementaux pour utiliser, aussi bien pour ses déplacements officiels que privés, les avions de ligne et le train. Trois gardes du corps le suivent également, avec l’ordre de se faire le plus discret possible.

En revanche, le Premier ministre espagnol, Fernando Zapatero, utilise uniquement les moyens techniques fournis par le gouvernement (voiture blindée et avion), en raison de la menace terroriste d’ETA. Quant au très riche Premier ministre italien, Silvio Berlusconi, il utilise le plus souvent son avion privé et ses voitures personnelles, à ses frais.

Enfin, dans les pays scandinaves, la règle de l’économie est une religion pour tout le gouvernement. Les Premiers ministres utilisent leurs voitures personnelles pour tout déplacement privé et le train pour leurs déplacements officiels à l’intérieur de leurs pays.

Combien ça coûte ?

Le coût des vols aller et retour effectués par le Premier ministre entre Vélizy-Villacoublay et l’aéroport d’Angers-Marcé lors du week-end décrit ci-contre peut être évalué à 27.000 €. L’appareil gouvernemental a en effet effectué un premier vol le vendredi avant de retourner à sa base (total : 1 heure de vol). Le dimanche, l’avion reproduit le même trajet pour venir chercher le Premier ministre (1 heure de vol également). Il y faut ajouter 1 h 30 d’immobilisation au sol, moteurs allumés, pour les check-lists et le roulage.

En empruntant le réseau routier avec une Citroën C6, le voyage entre Paris et Sablé-sur-Sarthe, en pays de Loire, soit 510 km aller et retour, aurait coûté environ 110 €, dont 40 € de péages. La durée totale de ce trajet aurait été de cinq heures.

En utilisant le réseau ferré, dans un TGV Atlantique, dans un wagon de 36 places, privatisé pour des raisons de sécurité, en 1re classe, le coût total du trajet Paris-Montparnasse – Sablé-sur-Sarthe et retour se serait élevé à 5.800 €. La durée du trajet aurait été de 1 h 25 pour l’aller et autant pour le retour.

 

 
 

Et ce sont ces gens là qui nous demandent de faire des efforts. Que l'on ne vienne surtout pas nous parler de sécurité. d'autres pays s'en passent sans problème. Et puis un premier ministre de perdu dix de retrouvés. ces gens ont une tellement haute idée d'eux... Il faut arrêter cette schizophrénie!

 

 

 

C'est mieux que ma voiture! Quel luxe démesuré. Qu'on lui achète un vélo bon sang!



24/01/2012
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