Une société vigilante: et puis quoi de plus?
« Une société de vigilance. Voilà ce qu'il nous revient de bâtir. Savoir repérer au travail, à l'école, les relâchements, les déviations. Cela commence par vous, fonctionnaires, serviteurs de l'État. »
Ça, c'était dans le discours de Macron aujourd'hui en hommage aux policiers tués lors de l'attaque à la préfecture de police de Paris. C'est la phrase que j'en ai retenue, car elle me paraît lourde de sens, et si on s'y attarde un peu, éclaire la politique de ce pouvoir d'une bien sombre manière.
Passons vite sur les faits, ils sont incontestables, un crime a bien été commis, l'auteur était bien musulman, il était bien radicalisé. Mais quand on a dit ça, on n'explique rien, on ne déduit rien, on ne mesure rien, on ne dessine aucune perspective. Je vais quand même m'y essayer.
Une question tout d'abord : Comment dans le saint des saints des services de renseignement, un homme a pu ne pas être remarqué, détecté, soupçonné, comment personne alors que c'est le fond de leur job n'a rien remarqué ni donné l'alerte ? Sincèrement, on a du mal à le croire. On nous parle de nombreux radicalisés dans les forces de police, dans de nombreux services, mais ils sont toujours en poste. Étrange non ?
Alors, la presse et l'opinion désignent le coupable. A l'évidence Castaner ne set à rien, ne maîtrise rien, ne fait pas tourner la baraque correctement, il doit partir ! Je crois que les choses ne sont pas aussi évidentes, et j'allais dire simplistes.
Pour construire ma démonstration, je vais rappeler que la raison d'être première de ce pouvoir est de servir l'oligarchie et le capitalisme. Quand on analyse les événements qui lui sont liés, les décisions prises, les lois votées, garder cela en tête ! Ils sont au service ! Quel rapport direz-vous avec l'attentat ?
Je crois que l'attentat et les réactions qui ont suivies sont étroitement liées à la nécessité pour ce pouvoir et ce président d'œuvrer pour le système.
J'y viens, et ne me traitez pas immédiatement de complotiste sans vous arrêter un instant sur ce que j'écris .
Ce douloureux événement si on ne peut penser qu'il est directement de la faute du gouvernement, si on ne peut penser qu'il en porte réellement la responsabilité, l'arrange à l'évidence.
La phrase en tête de cet article en est hélas la preuve. Macron saute sur l'occasion pour nous jeter à la face un autre concept dont ses conseillers ont le secret : la société vigilante.
Ce drame va en effet alimenter la haine anti musulmans, et par extension la haine anti immigrants. D'ailleurs, comme un signe funeste, le gouvernement a lancé dans la semaine qui a précédé un débat sur l'immigration. On voudrait jeter de l'huile sur tous les feux qu'on ne s'y prendrait pas autrement.
Donc, instrumentalisation d'un événement pour attiser le feu. Comme tant d'autres... Le but inavoué ? Faire exploser la société française en, dressant ses composantes les unes contre les autres, détournant ainsi le regard des français des vrais responsables de leurs « misères »... Car il est là le problème. Une prise de conscience serait dramatique et l'oligarchie capitaliste n'en veut pas. Alors, tous les moyens et tous les événements sont bons à prendre.
Ainsi, le petit bourgeois des centre villes déteste le jeune banlieusard, l'écolo n'a pas de mots assez durs contre le paysan qui le nourrit, le gilet jaune est un pouilleux analphabète raciste et homophobe, les associations LGBT nous entraînent dans la décadence, les flics sont détestés, les employés du privé détestent les fonctionnaires, les jeunes en veulent aux retraités de n'être pas encore morts, la liste serait longue, mais la conclusion est sans appel.
Ils font tout depuis des années pour diviser, mais là, avec Macron, le summum est atteint. Cette société court à sa perte, le français moyen préfère l'illusion d'une sécurité rassurante à une liberté choisie et exigeante, le petit bourgeois pense encore tirer son épingle du jeu absurde auquel le convie ce pouvoir et met en place son bourreau et s'apprête à recommencer.
Les lois se succèdent, toutes plus liberticides les une que les autres et force est de constater qu'elles entravent surtout la liberté des braves gens et de ceux qui auraient encore la force de résister et de lutter.
Je le redis donc encore une fois sans crainte, cet attentat fait les affaires du gouvernement et la phrase de Macron est à lire comme un terrible avertissement : il nous entraîne vers un monde soumis et fait de suspicion et de collaboration malsaine...
Un tel monde porte un nom c'est une dictature.