Sivens, les raisons de ma colère!
e soir, je suis en colère, en rage.
Le tribunal administratif de Toulouse a annulé la déclaration d’utilité publique du barrage. Nous sommes le premier juillet 2016. Le tribunal annule en fait trois arrêtés préfectoraux: la déclaration d'utilité publique (DUP), l'autorisation de défrichement et la dérogation à la loi sur les espèces protégées.
Je suis en colère car cette décision vient après une histoire tourmentée de trois ans. Et elle arrive trop tard!
En 2013, la préfecture du Tarn prend un arrêté de déclaration publique pour un projet de construction du barrage, 1,5 million de mètres cubes sur 34 hectares dans la forêt départementale de Sivens.
Là où le bât blesse, c'est que la retenue doit détruire une zone humide, avec quelques 90 espèces protégées (insectes, couleuvres, amphibiens, chauve-souris...). La mobilisation est immédiate et forte, s’appuyant en particulier sur deux avis défavorables émis par le Conseil national de protection de la nature. Les opposants jugent que ce projet n'est pas d'utilité publique dans la mesure où Il est destiné à 80 agriculteurs qui consomment beaucoup d'eau. L’absurde culture du maïs est gourmande !
La Zad va s’installer et cristalliser bien des critiques et des prises de position agressives dans les rangs des politiques.
Le premier septembre 2014, les travaux commencent avec force gaz lacrymogènes, les tronçonneuses s’attaquent aux premiers arbres. La justice alors ordonne d'expulser les opposants : afflux de manifestants, violences, dans la nuit du 25 au 26 octobre 2014, le jeune militant Rémi Fraisse, 21 ans, est tué par une grenade de désencerclement.
Même si La ministre de l’écologie arrête les travaux fin 2015, le Conseil Général du Tarn vote pour un projet réduit de moitié. Ils ne renoncent pas tout à fait, s’appuyant que la déclaration d’utilité publique encore valide alors.
Et aujourd’hui, premier juillet 2016, nous apprenons donc que ce projet n’aurait jamais du voir le jour, que, comme l’affirmaient les opposants, il est illégal, et la colère vient de ce dramatique gâchis. Et cette mort qui en devient plus encore insupportable, absurde jusqu’à la nausée. J’imagine les parents de Rémi qui aujourd’hui découvrent que leur fils et ses amis avaient raison de s’opposer, mais qu’il y a laissé sa jeune vie. Trois ans pour cette décision, lenteur insupportable de la justice, aveuglement coupable de tous les décideurs qui ont maintenu contre toute logique un projet injustifiable.
Il est des gens qui ce soir devraient avoir du mal à trouver le sommeil, mais pour cela, il faudrait qu’ils aient une conscience ce dont je doute fortement.
Rappel:
Le 5 mars 2015, Valls affirmait: "Il faudra très vite évacuer les lieux".
En mars 2015, Valls déclarait "L'ordre républicain doit s'imposer" à Sivens.
Le 11 septembre 2015, Valls voulait que le projet "aboutisse le plus vite possible"...
Photo AFP