Sarkozy, un retour à la forte odeur de gaz.
l n’est certainement pas anodin que lors du premier discours de son retour, l’ex président ait jugé nécessaire de remettre sur la table le débat concernant le gaz de schiste. Chacun se souvient que la fracturation hydraulique a été bannie en France par une loi votée sous son quinquennat et proposée par l’UMP. Ce qui m’a choqué dans son intervention, c’est l’argumentation. Simpliste mais terriblement efficace. D’une part l’incontournable « indépendance énergétique », d’autre part, les emplois. La larme au coin de l’œil, il explique que dans la situation actuelle, il est impossible de continuer à dire aux familles de chômeurs que nous sommes assis sur une véritable manne, mais que nous refusons ce miracle. La ficelle est énorme, mais elle marche.
Face à une telle manœuvre, il est nécessaire de retrousser à nouveau les manches et de rappeler un certain nombre de vérités qui semblent avoir échappé au futur candidat de l’UMP.
En tout premier lieu, il est bon d’insister sur le fait que l’Amérique n’est pas la France et que son expérience n’est probablement pas transposable.
La manne gazière dont parle N. Sarkozy, et ceux qui le conseillent, est une illusion. Un million de dollars de production ne crée que 2,35 emplois. Seules les compagnies exploitantes tirent profit de cette exploitation.
600 000 emplois créés aux Etats-Unis font apparemment rêver. Mais qu’en serait-il en France ? Les Etats Unis créent tous ces emplois car ils forent en continu. En 7 ans, ce sont plus de 500 000 puits qui ont été forés. En gros, on crée un emploi par puits. Arrêter de forer, c’est arrêter la création d’emplois. Pour 100 000 emplois en France, ce sont quelques 90 000 puits qu’il faudrait forer. Chacun comprendra les conséquences sur des territoires aussi réduits et aussi peuplés que les nôtres ! Il est utile ici de rappeler que la densité de la population qui atteint 112 habitants au km2, n’est que de 31 habitants aux USA : quand le Texas abrite 36 habitants au km2, le Languedoc en compte 92.
Si on en croit NS, il ne faut pas s’interdire l’évaluation des ressources. « Les compagnies demandent juste le droit d’explorer.» Et nous devrions le croire ? Il faut savoir que les compagnies perdent de l’argent quand elles explorent. L’exploitation doit donc suivre immédiatement l’exploration. Ceci explique que certaines compagnies annoncent des potentiels énormes quitte ensuite à revenir sur leurs estimations.
Autre argument de premier choix, les prix : aux Etats-Unis, le prix du gaz a baissé, profitant aux entreprises et aux particuliers. Pourquoi pas chez nous ?
Argument fallacieux. Les marchés européen et américain n’ont aucune ressemblance. Aux USA, le prix du gaz est passé de 8$ par millions de BTU en 2010 à 3€ en 2012. Ceci en raison du forage massif. Aujourd’hui, à ce prix, le gaz n’est plus rentable et il a recommencé à augmenter.
Les prix bas ne tiendront pas au-delà de 2015, c’est impossible. Les pétroliers investissent déjà moins dans le gaz aux Etats-Unis. Ils se tournent vers le pétrole de schiste, car ils le revendent sur le marché mondial du pétrole, au prix de ce dernier, autour de 100 dollars [75 euros]. Les producteurs Américains, comme Exxon ou Chesapeake, disent eux-mêmes que pour investir sur le long terme, il faut que le prix du gaz aux Etats-Unis soit à 7 ou 8 dollars, quasiment au prix européen, qui est à 10 dollars. Avec deux dollars de différence, l’avantage compétitif des Etats-Unis serait négligeable. Engager une politique de forage intensif là-dessus ne vaut pas le coup.
« Quid de l’indépendance énergétique grâce aux gaz et pétrole de schiste ? »
Pure illusion: pour devenir le premier producteur mondial de gaz en 2020, il faudrait continuer à forer quelques 70 000 puits par an. » On en imagine les conséquences. Si nous voulons le Texas à la place de nos campagnes, il suffit de ne rien dire, de ne rien contester.
L’avenir n’est pas dans les vieilles recettes.
Pour ne pas se laisser berner, il est capital de s’informer. Mon blog colibrinfo.blog4ever.com compte une importante rubrique gaz de schiste.