Sarkozy et le référendum
Le président désormais candidat n’a plus que ce mot à la bouche. « Référendum » ! « Chaque fois qu’il y aura blocage, j’en appellerai au peuple », « Il y a une idée centrale dans mon projet, c'est redonner la parole au peuple français par le référendum », », « Je ferai trancher le peuple». Vous avouerez que cette dernière formulation est quelque peu maladroite. J’ai un instant cru qu’il voulait réintroduire la guillotine.
Redevenons sérieux un instant. Ce qui importe chez un politique, c’est de mon point de vue sa constance dans les convictions, la persistance chez lui d’un système de valeurs qui l’inspire et le guide. Hors, en ce qui concerne le référendum, les convictions du récidiviste élyséen semblent avoir notablement changé.
Une petite recherche dans les « archives du net » permet de retrouver un certain nombre de déclarations qui montrent en quelle considération Sarkozy tenait le référendum avant cette campagne présidentielle.
« Il y a bien sûr le référendum, que le Général De Gaulle concevait comme une question de confiance posée aux Français par le chef de l'Etat, et dont Jacques Chirac a élargi le champ. Mais il me semble que le référendum ne remplit plus ce rôle et que cela ne suffit pas. »
« Croyez-vous que, si je suis élu, je vais aussitôt dire aux Français : 'Excusez-moi, j'ai besoin de vous demander votre avis sur un autre sujet? »
« La démocratie participative, c'est la fin de toute volonté politique, c'est la fin de la politique qui prend ses responsabilités (...) c'est la fin de la démocratie représentative dans le soupçon généralisé (...) et la forme ultime de la démagogie »
« Je ne comprends pas que l'on puisse être candidat en ayant chevillée au corps l'idée que la politique ne peut plus rien et en ayant comme idéal la démocratie d'opinion, parce que la démocratie d'opinion c'est l'ultime renoncement de la politique »
Pour justifier son opposition au référendum lors du traité européen de 2005, il critiquait la décision de Jacques Chirac de l’organiser en ces termes : « Je ne suis pas persuadé que faire voter ou adopter par référendum une Constitution de plusieurs centaines d'articles soit la formule la plus adaptée ». Entendez par là, le peuple est bien trop stupide pour y comprendre quelque chose. Rappelons également, que n’étant pas satisfait du résultat, il faisait adopter le traité de Lisbonne une fois président. Beau respect de la démocratie. Rappelons également son opposition à l’idée de référendum en Grèce.
Il est bien difficile après cela de croire aux dernières déclarations du candidat 2012. Comment un homme qui a un temps combattu une idée avec autant de véhémence peut prétendre s’y être rallié si ce n’est par pur opportunisme. Les thèmes des premiers référendums envisagés permet de se faire une idée sur les raisons de ce ralliement.