Réforme des retraites, Et encore une trahison!
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Mais que font donc toutes ces têtes d’affiche socialistes ?
Ils protestent contre la réforme des retraites du gouvernement Fillon, qui recule l’âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans et l’âge pour une retraite à taux plein de 65 à 67 ans. Ils se souvenaient alors que la retraite à 60 ans avait été un acquis du gouvernement Pierre Mauroy en 1983. Ils condamnaient une réforme « bâclée, injuste non financée »… La gauche, toute la gauche, était réunie dans son refus de cette réforme. C’était l’époque où le parti socialiste proposait un contre projet « juste, efficace et durable ».
Le PS défendait avec fermeté le « principe de la retraite à 60 ans à taux plein en fonction de la durée légale de cotisations, acquis social de la gauche au service d'une vraie qualité de vie ». Lors du congrès de Dijon, le premier secrétaire d’alors, un certain François Hollande, invitait le leader de la CGT Bernard Thibault sous les ovations alors que déjà, la CFDT, sous la direction de François Chérèque, avait décliné l’invitation car elle était favorable à cette réforme.
Hollande rajoutait même « Le projet du gouvernement appelle un refus majeur de la part des socialistes », prétendant refuser une« philosophie qui consiste à demander aux salariés de travailler plus longtemps pour gagner moins ».
Il concluait : « L’allongement de la durée de cotisations – 40, 41, 42 ans et davantage encore si c’est nécessaire – était la position du Medef, c’est la solution du gouvernement Raffarin ! »
Oui, mais tout ça malheureusement, « c’était avant ! »
Les préconisations de la commission Moreau mise en place par le premier ministre Ayrault, si on en croit certaines indiscrétions, seront très loin, de ce que présentait le PS en 2010.
Parmi les solutions que le rapport Moreau pourrait proposer, on trouve :
Un allongement de la durée de cotisation jusqu’à 43 voire 44 ans ; un changement du calcul des retraites des fonctionnaires, basé non plus sur les six derniers mois mais les dix dernières années ; une mise à contribution des 15 millions de retraités avec la fin de l’indexation du niveau de leurs pensions sur l’inflation ; un alignement du taux de CSG (contribution sociale généralisée) des retraités imposables sur celui des actifs ; la fin de leur abattement fiscal de 10 % ; la fin du bonus fiscal de 10 % pour les ménages ayant eu trois enfants et plus ; la révision vers le bas du calcul du niveau des retraites pour les actifs...
On ne peut qu’être extrêmement circonspect sur pareil changement. Le discours de 2010 à l’opposé des actes à venir en 2013. La métamorphose est impressionnante, inquiétante, révoltante. Impression désagréable d’avoir été manipulés pour l’accession au pouvoir, et d’être aujourd’hui trahis. Et que l’on ne vienne pas me parler d’aggravation de la crise, d’injonctions de la commission européenne ou je ne sais quelle autre argutie.
La facilité avec laquelle se gouvernement s’est glissé dans le moule ultralibéral est inquiétante. Soit ils savaient et ils nous ont menti, soit ils ignoraient ce qui les attendait et pareille incompétence est également inadmissible.
Cette réforme, si elle ne provoque pas le soulèvement de tous les opposants au système, sera le dernier verrou qui livrera notre société à l’appétit sans limite du libéralisme. Réveillons-nous.