"Un homme s'est immolé par le feu devant une agence Pôle Emploi de Nantes. Il était en fin de droits."...

Fin du travail, fin de droits. Fin de l’espérance, fin de la dignité, fin de la vie... la machine à broyer capitaliste tourne à plein régime... Pendant que les gagnants de la grande loterie libérale font bombance, arrogants, méprisants, gémissants dès qu'on prétend toucher à leurs invraisemblables privilèges, le monde ouvrier courbe l'échine, baisse la tête, renonce à la vie même comme pour mieux signifier l'impasse et le désespoir.

L'acte désespéré de cet homme nous pénètre jusqu'au fond des tripes, il nous arrache des larmes de tristesse et de colère. Dans la violence ultime de son expression, il dit à chacun  que la partie qui se joue aujourd'hui conduit inévitablement à une issue fatale. Le libéralisme tue, sans pitié, sans trêve, sans vergogne. De combien d'autres gestes aussi désespérés pouvons-nous le rendre responsable? Innombrables! Long cortège des laissés pour compte de ce monde sans pitié ni avenir. Cette mort me révulse, me révolte. A elle seule, elle balaie tous les discours complaisants, tous les pseudo remèdes qu'on nous présente pour nous faire patienter encore un peu. Il est terrible de penser à cet homme, à la détresse qui a été la sienne, à la souffrance qu'il n'a pu extirper que dans les flammes. Geste terrible et symbolique, Nous brûlons dans l'enfer qu'une minorité nous impose. Cet acte désespéré, au-delà de notre compassion, doit provoquer une prise de conscience de l’oppression qu'on nous impose au nom d'une mondialisation sans limite.

Mes pensées vont à tous ceux qu'il aimait et qui l'aimaient, qui souffrent aujourd'hui de son absence. Il a choisi de partir en hurlant sa détresse et sa colère. Nous devons reprendre son cri et le porter aux oreilles de ceux qui se croient en sécurité dans leurs luxueuses demeures.

Qu'il ne tombe jamais dans l'oubli!