Mes voeux au Président.
Monsieur le Président de la République,
Les fins d’années sont traditionnellement le temps de bilans et des projets. Vous concernant, le temps des bilans, je le concède, n’est pas encore venu. Pour ce qui est de l’avenir, par contre, il est assombri par de très nombreux nuages.
Monsieur le Président, je n’avais placé aucun espoir dans votre élection, je ne suis donc pas déçu. Je suis de ceux, et ils sont nombreux, qui ont connu l’énorme déception de 1983, qui ont découvert à leurs dépens qu’une politique de gauche était impossible en France. Impossible non pas à cause de je ne sais quelle malédiction, mais uniquement parce que le personnel politique prétendument socialiste n’était pas en mesure, par manque de courage, de compétences, de vision d’un autre choix de société, de changer le cours de l’histoire.
Tous les gens qui comme moi ont un jour rêvé de rupture, de voir leur pays cesser de répondre aux sirènes néolibérales, n’ont jamais cru que vous seriez le président qui nous conduirait sur un nouveau chemin. Nous ne sommes pas déçus, Monsieur le Président, nous sommes en colère. En colère de voir s’ouvrir le gouffre entre vos promesses et vos actes, entre vos postures et la réalité. Il ne suffisait pas de déclarer être différent pour que cela suffise.
Nous sommes en colère de voir votre gouvernement se plier au diktat des milieux financiers, des grands dirigeants d’entreprises, du patronat. Il ne nous suffit pas que vous mettiez un petit peu de sucre dans l’amère mixture qu’on veut nous faire ingurgiter de force. Nous aurions souhaité que vous changiez l’intégralité du menu.
Monsieur le Président, l’année 2012 se termine sur un rejet massif de votre politique. Les français ont le sentiment d’avoir été abusés, floués. Le désespoir généré par l’angoisse des lendemains s’insinue chaque jour un peu plus dans la société française. La misère s’étend, frappe de plus en plus de gens, alors qu’une petite frange de la population, toujours plus riche, n’envisage même plus de participer à l’effort collectif.
Que vous souhaiter, Monsieur le Président, pour l’année 2013 ? Que vous preniez conscience du mal qui ronge notre société, que vous choisissiez une autre voie, une autre politique. Que vous fassiez preuve de courage et d’imagination au service des français. Que vous décidiez d’entraîner notre peuple sur un chemin digne de son histoire, digne des luttes passées, digne de ce qu’il a su si souvent construire à contre courant. Même si nous devons être un temps seul sur un nouveau sentier, soyons-le s’il doit nous conduire vers de nouveaux horizons.
Monsieur le Président, je suis las d’entendre que la France a le tort de ne rien faire comme les autres. Je voudrais que vous montriez à la tête de l’état, que seuls contre tous, nous avons raison de vouloir un autre avenir. Je voudrais que vous redonniez à la France le rang qu’elle a si souvent tenu quand il s’agissait d’être un phare pour le reste du monde.
Monsieur le Président, même si je n’y crois pas un instant, je souhaite à la France le réveil, l’enthousiasme, l’espérance.
Monsieur le Président, même si je n’y crois pas un instant, je nous souhaite de trouver le guide à la hauteur de notre vision du monde, de nos envies de justice, d’équité, de solidarité.
Monsieur le Président, si vous n’êtes pas le guide qu’il faudrait aujourd’hui à la France, ne soyez pas celui qui aura parachevé l’œuvre mortifère de ce capitalisme à l’agonie.
En cette veille d’année nouvelle, je vous souhaite, je nous souhaite que vous ne deveniez pas le pire des présidents de la France.