Macron tel que le voit Emmanuel Todd: décoiffant!
uelques réflexions de l'intellectuel Emmanuel Todd à propos de Macron : attention, décoiffant !
"Pour moi, la toile de fond du macronisme, c'est une certaine honte d'être Français"
Macron est un "nain intellectuel" ou un "puceau de la pensée".
La campagne présidentielle ? Des personnes "en extase" devant le candidat qui "racontait des trucs absolument pas intéressants avec un air de messie (...), le genre de machins qu'on apprenait à Sciences Po avant la grande crise de 2008".
Sa victoire ? "Dans le contexte d'émergence du macronisme, il y a ce qu'il faut bien appeler une très grande médiocrité morale. Doit-on la situer dans l'ensemble du pays ou dans les classes moyennes ? La morale reposait sur des structures stables, anciennes et historiques - la culture catholique, la culture communiste, la culture socialiste, la culture nationale, gaulliste -, tout ça a explosé, on est dans un monde d'immoralité. Pour moi, la toile de fond du macronisme, c'est une certaine honte d'être Français".
Les électeurs de Macron, "des gens des classes moyennes, ayant souvent une bonne éducation, qui se prennent pour autre chose que ce qu'ils sont, qui se pensent bons, qui se pensent intelligents, qui sont dans un état de lévitation psychique".
Le vote Macron c'est "la vieille carte socialiste avec des bastions catholiques supplémentaires qui ont sans doute quelque chose à voir avec le ralliement de Bayrou, et une plus grande visibilité des métropoles".
On nous parle souvent des deux France : Les métropoles face à la périphérie. Pour lui, "Ça ne peut être que faux, puisque Le Pen et Macron ne rassemblent que 45% des électeurs. On n'est absolument pas dans une repolarisation de l'électorat".
L'élctorat de Macron ?: "L'interprétation dominante, moralisatrice à sa manière, c'est que les gens qui votent Le Pen sont des losers (...), et que les gens, les jeunes en particulier, qui ont voté Macron, sont des winners. Mais ça ne correspond pas du tout à l'évolution économique et socio-culturelle observée dans le monde occidental". "Les catégories super macronistes de jeunes diplômés sont des catégories qui, par rapport à ce qu'étaient leurs aînés diplômés, sont en chute sociale. Ce sont des déclassés virtuels. Évidemment, leur taux de chômage est plus faible mais leurs conditions de travail, l'intérêt de leur travail n'est en rien comparable à celui des générations précédentes".
Le vote Macron des jeunes diplômés serait… "une réaction au déclassement".
Explication : "Vous avez les ouvriers français dont la peur du déclassement les amène à chercher quelqu'un en dessous : les Arabes, ou les étrangers. Chez les jeunes diplômés en perte de vitesse, dans leur inconscient absolu, finalement, la désignation d'une France d'en bas, fermée, en ancrage territorial, peut s'analyser exactement dans les mêmes termes que la xénophobie anti-Arabes. Simplement, là ce sont les prolos français qui sont pris pour cible par les déclassés d'en haut". Le macronisme serait le produit de "l'effondrement moral des classes moyennes" françaises.
Sur les députés LREM : "Une Assemblée recrutée sur CV dont l'absence de convictions idéologiques générale ne peut être que remarquable", "à l'intersection de la désintégration politique et de l'effondrement moral de la société".
Sur leur leader : "Macron a inventé l'irrealpolitik, une politique extérieure toute de verbe qui n'a plus aucun rapport avec la réalité du monde, où l'on s'envoie des grandes claques dans le dos",
En cause, "problème d'insuffisance intellectuelle et de manque de formation", "une incompréhension préoccupante par rapport à ce qui se passe dans le monde anglo-américain". "Le virage souverainiste, protectionniste et national" est inéluctable, et il ne sert à rien de s'y opposer comme il le fait.
En conclusion : Le macronisme est "Un moment d'hallucination collective des classes moyennes qui se sont racontées qu'un type jeune allait tout d'un coup mettre la France en lévitation". La France ? "Elle est en grand état de risque, parce que ses classes moyennes sont assez méprisables moralement en ce moment, mais aussi parce que les gens qui sont aux commandes ne sont juste pas au niveau en termes de perception de l'Histoire".
Sur la catastrophique popularité du chef de l'Etat : "Si on unifie l'UMPS et qu'on l'appelle Macron, on obtient toujours la même chose. Macron est tout simplement en train de tomber dans la trappe où tous les autres sont tombés. Sauf que maintenant, revitaliser la comédie gauche-droite, ça va poser un problème".
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