Les yeux de l’humiliation...
Je publie ce texte découvert sur les réseaux sociaux avec l'autorisation de son auteure.
N'en déplaise à beaucoup, c'est aussi pour cette raison que je serai demain dans la rue, fatigué de tous ces gens dans la galère, le dénuement, la misère, pour cette pauvre dame, pour ceux qui malgré tout continuent à essayer de rendre la vie possible, pour ce monsieur ce matin au bar qui n'avait plus un euro pour se payer un café, qui avouait avoir dû emprunter pour payer son fioul. Dans la rue pour que demain d'autres ne s'y retrouvent pas.
Ce texte est terrible, surtout dans la start-up nation qui se construit sur des millions de gens déclassifiés, abandonnés, appauvris jusqu'à l'indicible. Merci à Philippe de m'avoir fait découvrir ce texte, Merci à Sabrina Aurora de l'avoir écrit.
Ce soir, j’ai été appelé pour une diarrhée profuse chez une dame en EHPAD.
Lorsque je suis entrée dans la chambre, ce n’est ni l’odeur ni les excréments déversés sur le fauteuil roulant et partout sur les draps qui ont frappé mon esprit .
Non. C’est le regard désespéré de cette femme et ses gémissements, nue, assise sur son lit, en train d’être nettoyée par une aide soignante. Les gémissements et les yeux de la honte.
« Regardez ce que je leur fait subir à ces dames » me dit elle. Je n’avais pas encore tourné les yeux pour découvrir que son mari était allongé dans le lit en face, détournant le regard.
Parce qu’elles ne sont pas assez d’effectifs pour cette femme handicapée dépendante, il n’était pas possible de faire sortir son mari pour la nettoyer dans l’intimité ni assez de temps pour qu’elle profite d’une douche chaude et salvatrice pendant qu’un autre changerait les draps souillés .
Non,il n’y avait qu’une aide soignante, douce, qui tentait de la rassurer, elle, nue, frileuse et tremblante, pendant qu’on lui passait un gant savonné sur son dos taché d’excréments.
C’est cela Mme Buzyn, Mr Macron que vous ne voyez pas dans vos tableaux et que vous ne verrez probablement jamais. Ce sont ces yeux là, ce regard désespéré qui dit « pardon » alors qu’il ne devrait pas.
C’est cette douche qui lui aurait fait tant de bien qu’elle n’aura pas à cause de vos tableaux Excel dans lesquels il est écrit que l’heure est à servir le repas pour 80 personnes au lieu de s’occuper d’une.
Ensuite, j’ai du prescrire des perfusions d’hydratation pour 3 patientes, à ajouter au travail des infirmières parce que les effectifs ne sont pas suffisants pour stimuler les patients à boire dans la journée.
Voilà messieurs dames les dirigeants la déclinaison de vos décisions et de vos calculs à mille lieux du réel, c’est celle de la désespérance de nos aînés que l’on tente tant bien que mal de réparer avec nos mots et nos sourires parce que nous n’avons plus que ça...
J’espère que vous lirez ce post pour, qu’à défaut d’en répondre à vos concitoyens, vous en répondiez à votre conscience .
Sabrina Aurora