Pendant qu’on nous endort avec de prétendus ennemis intérieurs, tous ces dangereux fauteurs de troubles qui seraient responsables de tous nos maux, la représentation nationale vote la loi la plus liberticide jamais osée en France.

Un article de loi (article 20) judicieusement camouflé dans la loi de programmation militaire est pourtant un vrai scandale même s’il n’a soulevé que bien peu d’indignation dans la classe politique et laisse les médias parfaitement muets.

La raison de cet article, devrais-je dire l’alibi, est bien entendu la lutte contre le terrorisme. Souvenez-vous, que n’avons-nous pas dit sur le Patriot-Act américain décidé après le 11 septembre ? Et bien, les députés français ont fait "mieux".

En donnant à l’administration tout pouvoir de traiter chaque citoyen soupçonné de quelque délit que ce soit comme un terroriste, cet article ouvre la porte à tous les abus, toutes les dérives.

Nous devenons ainsi tous des terroristes en puissance. En effet, tous les crimes et délits vont désormais être traités comme des actes de terrorisme. Nous sommes donc tous des terroristes en puissance.

Comprenons bien qu’à partir de 2015, il sera possible de pénétrer dans nos ordinateurs sans aucun contrôle d’un juge, par la seule volonté d’une « autorité administrative »… Rien de moins.

Comme si nous n’étions pas suffisamment suivis, espionnés, contrôlés, filmés, la surveillance va donc aller croissant, prétextant la transparence, la nécessité de nous protéger. L’internet il y a peu espace de liberté va devenir un nouvel espace d’asservissement.

Et tout ça se passe en France, chez nous, le prétendu pays des droits de l’homme qui enterre les droits de ses citoyens.

Le plus ahurissant est que cette loi trouve des défenseurs, que les médias font silence. Dois-je en conclure que chacun est persuadé qu’il est perpétuellement en danger, exposé à mille menaces, prêt à accepter n’importe quelle mesure liberticide pour être protégé?

Mais, la sécurité sans liberté, est-ce la solution ? Jusqu’où accepterons-nous ces chaînes qui nous lient chaque jour un peu plus, jusqu’où ira notre complicité silencieuse, notre lâche « laisser faire »? Quand cesserons-nous de voir l’ennemi dans le voisin, le rom, le musulman, le black, le beur, le jeune, quand comprendrons-nous que nous ne sommes pas seuls au milieu d’un monde d’ennemis, quand cesserons-nous de croire que tous les moyens sont bons pour éloigner ces menaces imaginaires et surmédiatisées? Quand comprendrons-nous qu’ils sont en train d’enterrer ce qui restait de démocratie.

J’ose dire et redire, à mon grand désespoir, que la France a fait un pas vers la tyrannie.