J’en reviens à la croissance.

Dans un précédent article, je me posais la question du bien fondé de cette option pour relancer l’économie française. Je suis aujourd’hui un peu plus loin dans ma réflexion. Première évidence, la plupart des pays « développés » sont en panne. La Chine comme l’Inde sont engagées dans la course. Ces pays ne semblent pas se soucier de la validité de cet objectif. Dans les pays occidentaux, les fruits de cette croissance sont en quasi-totalité confisqués par une infime partie de la population (pas plus de 1%). C’est cette honteuse répartition qui pose le vrai problème. Elle crée une forte inégalité qui peut générer de grandes tensions sociales. Elle est de plus le frein principal à la reconstruction d’une économie saine. Une croissance qui génère tant d’inégalités et qui ne participe plus au progrès humain est-elle un sage objectif ?

Selon certains calculs, la progression de 2% par an de la consommation signifierait que nous consommerions 6 fois plus de biens en 2100, 40 fois plus en 2200… Dans un monde aux ressources finies, cette fuite en avant est insensée. Nous voyons bien que la réflexion de ceux qui nous gouvernent ne pose pas le bien vivre comme priorité. Pourtant, nous voyons bien que dans les pays occidentaux, le progrès social ne tire nullement profit de la croissance. Au-dessus d’un certain seuil que la France aurait par exemple dépassé depuis les années 70, le progrès humain n’est plus corrélé par le PIB par habitant. Posséder toujours plus ne procure pas le bonheur.

On ne peut éviter de lier croissance et crise écologique. Cette crise, n’en déplaise à certains, est grandement due aux pays à forte croissance. La fuite en avant ne peut qu’aggraver une situation déjà inquiétante. Alors, avant de se lancer à corps perdu dans cette nouvelle « croisade », la question première serait de se demander si on peut envisager une croissance écologiquement soutenable ?