Griveaux, un prétexte servi sur un plateau!
Et au départ était ce commentaire de TF1 :
« Benjamin Griveaux renonce. C'est un nouvel échelon, dont sont victimes les politiques sur les réseaux. Dans cet océan d'anonymat, et à la législation peu répressive, tous les coups sont permis : "Un danger pour la démocratie". »
Un beau résumé de l'arnaque oligarchique qui se prépare, avec l'imparable menace du danger pour la démocratie, rien de moins.
Nous sommes face à une campagne de propagande de grande ampleur... Le mot n'est pas trop fort ! Et tous s'y mettent, politiques de tous bords, médias aux ordres, et même déjà de gentils petits français effrayés par ce drame.
Mais revenons aux faits, de quoi est-il question ?
En fait une histoire minable de vidéo porno tournée par ce pauvre Griveaux qui a eu l'idée fabuleuse de l'envoyer à une maîtresse. Rendez-vous compte ! Ah bon ? Ce n'est que ça ? Et ça menacerait la démocratie ?
Mais non ! Vous n'avez rien compris, c'est le fait que les réseaux, sous couvert d'anonymat, aient révélé le truc forçant ainsi ce pauvre homme à abandonner sa course à la mairie de Paris qui leur pose problème... Réseaux bien entendu pilotés par la Russie de Poutine visant ainsi à torpiller notre si belle démocratie. Vous trouvez que j'exagère... Que nenni.
Bon, rappelons à tous ces effarouchés que d'anonymat dans cette histoire, il n'en est point. Le site qui a publié ? Connu. Le responsable du site ? Connu. La destinataire du chef d'œuvre cinématographique ? Connue. Les relais de l'info sur les réseaux ? Connus. Et oui ! Rien d'anonyme dans tout ça, pas l'ombre d'un complot international ourdi contre le valeureux défenseur des valeurs de la République, Griveaux...
Mais rien n'y fait. L'occasion est trop belle pour ressortir « la dangerosité des réseaux », et la nécessaire obligation de défendre la vie privée contre cette armée de voyeurs dans l'ombre. Et ils nous ressortent dans la foulée le larmoyant refrain de la violence insupportable subie par le malheureux candidat... Violence ?
Mais quelle violence ? Qui a tourné cette pitoyable vidéo ? Qui l'a envoyée sur le net ? Qui donc jouait avec une maîtresse alors qu'il avait des responsabilités politiques qui auraient dû lui inspirer la plus extrême prudence ? Qui n'a rien trouvé à redire quand les médias et réseaux relayaient ses photos de bon père de famille respectable ? Arrêtez avec la violence, parlez plutôt d'insondable bêtise, de celle qui disqualifie bien plus que n'importe quoi d'autre !
Et tous ces remâcheurs (je sais j'invente ) de lieux communs , ne la voient-ils pas la vraie violence dans la société française, ne la voient-ils pas du fait des forces de l'ordre (du désordre devrait-on dire) chaque fin de semaine et lors de toutes les manifestations syndicales, ne la voient-ils pas dans la rue la nuit avec tous ces gens sans domicile, ne la voient-ils pas avec tous ces gens pour qui la fin du mois arrive le 15, ces malades mal pris en charge, ces personnes âgées gardées dans des mouroirs sans bénéficier d'un minimum d'attention, ces agriculteurs qui se suicident, ces enseignants qui se désespèrent et quittent le métier, ces femmes battues ou assassinées, et la liste est interminable ? C'est quand même bien plus grave et insupportable qu'une minable histoire de cul qui a mal tourné.
Pour le reste, cet empressement à condamner les réseaux sociaux aussi vite et avec pareille véhémence est tout bonnement ahurissant et ignoble. On sent bien où ils veulent en venir. Oh les réseaux ne sont pas la panacée, ils se nourrissent de tout, du meilleur comme du pire, mais au moins, ils sont le dernier espace où chacun peut s'exprimer avec tous les risques que cela comporte mais qu'il faut accepter, sinon, ça s'appelle la censure et la dictature. Les attaques contre la liberté d'expression sont incessantes depuis l'arrivée de la macronie au pouvoir. On les sent agacés de voir subsister cet espace rebelle qui est le dernier obstacle à leur mainmise sur l'information. Ils croyaient parvenir à leurs fins avec les médias aux mains de leurs amis et soutiens, il y a encore un espace qui fonctionne en dehors de leurs règles.
Alors, ne nous y trompons pas, l'affaire Griveaux va être montée en épingle pour réduire plus encore les derniers espaces d'expression hors de leur contrôle.
Je me garderai bien de parler de coup monté, de complot visant avant tout le président comme je l'ai lu ici et là, Mais je suis certain qu'ils feront tout à la suite de ce minable événement pour reprendre la main, et pour restreindre encore plus nos espaces de liberté.
Ne nous laissons donc pas enfumer et continuons à résister.
Mon autre article: Griveaux, grivois, grillé!