On a vu, lu, entendu tellement de contrevérités, tellement d'insanités à propos de ce mouvement des gilets jaunes. Les médias déboussolés et peu enclins à relayer la voix des gens ordinaires ont grandement participé à une campagne de désinformation et de dénigrement. Alors, quand on trouve des journalistes qui font vraiment le job, c'est à dire qui tout simplement descendent sur les barrages et parlent aux gens, les vrais gens, on a un article humain, et qui rend compte de la réalité que vivent ceux qui sont dans l'action.

Relayons donc cet article de "La Croix" qui replace ce mouvement dans le tourbillon actuel. Merci à eux de cette honnêteté.

J'espère qu'ils ne m'en voudront pas d'avoir repris ces paroles de manifestants.

« Le carburant, c’est l’étincelle, mais c’est tellement infime par rapport à tout le reste! On parle de "grogne" mais c’est extrêmement méprisant. C’est une vraie colère qui s’exprime, et elle dure depuis des années. »

« Mon conjoint, lui, travaille à la Fnac à Paris, poursuit-elle. Le soir, il rentre vers 22 heures, mais ça, c’est quand le train fonctionne. Hier, c’était 23 heures. »

« S’ils nous enlèvent la gare, on est morts »

« J’ai fait onze ans d’intérim, sept ans de CDI, c’était le 7e plan social que je voyais passer, je me suis dit que c’était le moment de me reconvertir »

« Les dégâts ne datent pas d’aujourd’hui mais à présent toutes les générations sont touchées. L’écœurement est général. Internet ne fonctionne pas bien, nous n’avons pas le tout-à-l’égout et pourtant, on paie l’impôt sur le Grand Paris. Mon diesel a 20 ans, celui de ma femme 10 et je ne demande pas mieux que d’en changer, mais comment? »

« Je m’aperçois que je ne suis pas le seul dans cette situation. Dans un groupe d’actions, on est tous pareils. »

« Il faut tout revoir, en matière d’énergies fossiles comme de modèle économique, et aucun homme politique n’a aujourd’hui le courage de le dire. Ça m’a redonné espoir que l’on puisse se rassembler, se retrouver ainsi, tous différents mais unis pour vivre dignement de notre travail. »

« On était bien avant avec nos deux enfants, on ne roulait pas sur l’or mais on était, je crois, de la classe moyenne, on se permettait même des sorties »[Elle se prive pour aller voir ses enfants et petits-enfants] « Mais une fois sur place, on n’a rien à leur donner. On ne gâte plus les enfants, on leur fait juste un plein de courses ».

« On nous vend du vent! Il y a dix ans, on jurait par le diesel et maintenant on aurait tout faux! Aujourd’hui, on nous vend la baisse des cotisations sociales ou de la taxe d’habitation, mais l’effet est ridicule comparé aux taxes qui augmentent ».

« Côté loisirs, on ne fait plus grand-chose, on n’a plus les moyens de se vider l’esprit. Côté vêtements, on habille surtout les enfants ». « On paie de plus en plus mais l’école, les hôpitaux, les transports fonctionnent de moins en moins bien ».

« Ce qui me fait le plus mal au cœur, c’est de voir ce qu’est devenu l’hôpital, qui n’a plus rien à voir avec celui qu’on m’a appris ». « Cela devient très difficile de soigner les gens,on est pourtant un village dynamique, la mairie propose un logement au futur médecin. Je ne comprends pas que personne ne veuille s’installer ici, si ce n’est par méconnaissance totale de la campagne. »

« Vu de Paris, les gilets jaunes seraient beaufs et fachos, s’emporte Soumia. On entend dire qu’ils se ficheraient de l’écologie, mais que croyez-vous? On a des enfants aussi, on y pense tous les jours! Simplement, on ne peut pas demander à des gens qui luttent pour remplir leur caddie chez Lidl de financer la transition écologique! »

« Mais qu’est-ce qu’il croit, Emmanuel Macron, qu’est-ce qu’il connaît de la vie des Français pour dire ça? Ont-ils la moindre idée de ce qu’on vit, tous ces élus qui ne s’en sortent pas avec 5 000 € par mois? »