Gilets jaunes: acte XVIII. Un autre regard!


Acte XVIII...

 

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ontrairement à mon habitude depuis maintenant 4 mois, pas de page spéciale avec force vidéos et témoignages. Je suis fatigué de répéter sans cesse les mêmes choses, des images contre la propagande gouvernementale, dire et redire, montrer et remontrer, contester les chiffres, les compte-rendus officiels... Et après? A quoi ça sert?

 

Ne sont convaincus que ceux qui veulent bien l'être... Et puis, des vidéos, ça se trafique hein? Sont-elles plus fiables que les élucubrations castanériennes?

 

J’en suis là ce soir. Pris entre des reportages dont on sait combien ils sont orientés, des hordes de casseurs parfaitement connus des forces de police mais qu’on laisse approcher et s’infiltrer dans les défilés pour semer la pagaille et justifier la violence des forces de l’ordre, un ministre de l’intérieur qui finit de cuver son whisky, en appelle à la vie privée, soutenu par le premier ministre (mais qu’a-t-il donc en réserve pour avoir ainsi été nommé et n’en faire qu’à sa tête?) un premier ministre, je viens d’en parler qui se dit très en colère, mais pardon, la colère elle est principalement dans le camp de ceux qu’il harcèle et voudrait réduire au silence, et un président tellement inquiet de l’état de la République qu’il s’était octroyé trois jours de vacances au ski. Le pauvre a été obligé de rentrer d’urgence, les violences à Paris étant tellement graves !

 

Ce qui me navre, c’est que samedi après samedi, on a les mêmes scénarios même si les médias s’ingénient à y trouver des différences. Perte de motivation, moins de participants, plus violents que la fois précédente que sais-je encore. Mais le fond du problème n’est pas là ! Il n’est pas dans les événements et dans la manière avec laquelle les journalistes si complaisants en rendent compte.

 

Dimanche matin 17 mars.

 

Les éditorialistes des médias officiels se déchaînent. Il y a urgence, la parole présidentielle est à diffuser largement, ils ont un mouvement de protestation à saboter. La technique est vulgairement simpliste. On commence la phrase par « les casseurs », on la termine par « les gilets jaunes ». Et hop, le tour malhonnête est joué . Le quidam auditeur ou spectateur est fixé, les violences sont le fait des gilet jaunes. CQFD !

 

La macronie est donc bien en place, arc-boutée sur ses flics et ses médias. Rien de nouveau sous le soleil et dans les gaz lacrymogènes. Rien, oh si ! Un détail, un gros détail ! Les journaleux habiles, cette fois, nous ont dégoté quelques gilets jaunes soutenant les exactions. Le monarque a donc beau jeu de traiter tout le monde de complices !

 

Ces voix légèrement discordantes mériteraient pourtant un tout autre traitement. Qu’expriment en effet ces gens qui ne s’émeuvent pas de l’incendie d’une banque ou de celui du Fouquet’s ? Ils expriment une rage profonde venant de la surdité et de l’aveuglement du pouvoir depuis maintenant 18 semaines. 18 semaines de cris et de douleur, et la seule réponse du pouvoir est les gaz, les flash-balls, les arrestations, la stigmatisation, la condamnation de tous ceux qui sont dans la difficulté, le doute, et quelque chose qui ressemble de plus en plus à du désespoir. Des gens qui avaient dans doute eu la naïveté de croire que l’expression pacifique de leurs difficulté allait suffire à faire changer le cours des choses. Tellement naïfs, tellement attachants de ce fait, mais par conséquent, tellement ébranlés aujourd’hui par cette prise de conscience. Ce pouvoir ne changera rien ! Le capitalisme odieux qu’il représente dicte sa loi, il n’est pas question de céder. On le a amusés avec un pseudo-débat uniquement destiné à diffuser la parole élyséenne. Le capitalisme et les amis de Macron dictent leur loi, ils entendent qu’elle soit respectée sans contestation possible.

 

Alors, ces français se disent que pareil mépris a assez duré, comprennent enfin que les manifestations rituelles ne mèneront à rien, que le pouvoir n’entend que ceux qui hurlent le plus fort.

 

Que l’on ne fasse pas dire ce que je ne dis pas ! Nous sommes ici en pleine confusion des genres et des rôles. Les casseurs sont connus de la police, ils sont instrumentalisés par la police, ils servent objectivement le pouvoir comme épouvantails en brisant l’image des manifestants. Des syndicalistes policiers s’en sont exprimés. Quand on met 1000 fonctionnaire pour la seule protection de l’Elysée et que dans le même temps on laisse entrer et agir les casseurs, il y a faute ! Que ne le disent-ils pas plus fort ! La priorité, protéger l’antre du gourou macronien, et laisser faire les acteurs du pire pour en accuser les gilets jaunes. La manœuvre en est grotesque, mais apparemment, ça marche. Confusion disais-je, car des gilets jaunes se disent aujourd’hui que ceux qui cassent pourraient en fait servir leur cause. Illusion mortelle.

 

Je pense sincèrement que ces manifestations hebdomadaires, dans la mesure où elles ne parviennent pas à prendre plus d’ampleur, ne débouchent pas sur un mouvement réellement national, où elle ne témoignent pas d’une révolte quasi générale ne mèneront à rien. Le pouvoir a eu le temps de s’organiser, il a trouvé un bon algorithme, il a trouvé les serviteurs zélés qui lui sont indispensables, il ne cédera pas, il continuera à durcir la répression, à toujours plus limiter les libertés individuelles, entraînera la France sur la pente du totalitarisme, mais sauvera le système car c’est bien de cela dont il s’agit.

 

J’ai envie de dire aux manifestants, cessez d’aller chaque week-end risquer votre peau pour être insultés le lendemain dans toute la presse. Cette voie est sans issue. Il faut réfléchir à ce qui peut le plus ébranler le système, et ce n’est pas ces défilés.

 

Les gilets jaunes doivent de mon point de vue retourner en local, dans leurs bourgs, leurs villes, leurs quartiers, et jeter les bases d’une nouvelle société qui se passerait du système. On ne le combat pas de l’intérieur, on pourrait le combattre en se débrouillant sans lui.

 

On sait ce qui le ronge, on sait ce qu’il ne supporte pas, on doit donc trouver comment vivre sans lui mais avec les autres. Ce qui le mine, ce sont, et il y a de plus en plus d’exemples, toutes les expériences locales. Ce qui le mine, ce sont toutes les actions solidaires, toutes les communautés, toutes les expériences de mise en commun. J’ai quelques idées, d’autres en ont aussi et les mettent en pratique.

 

Chers gilets jaunes, abandonnez la capitale, rebâtissez une vie nouvelle. Avec ce mouvement, beaucoup de français ont découvert la parole, la mise en commun, le partage, l’entraide, le respect, il faut continuer dans cette voie. Les cabanes étaient un symbole, elles doivent devenir un modèle.

Je suis persuadé qu’on peut vivre autrement, non pas en marge du système, mais en construisant une société sans le système.

 

Cette idée mérite réflexion non ?



17/03/2019
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