Gaz de schiste: Qui résiste, qui fore? Etat des lieux
Alors que le Conseil Constitutionnel vient de déclarer la loi de 2013 interdisant la fracturation hydraulique conforme à la constitution, la France se trouve bien seule dans le concert des nations à résister au mirage gazier qui semble avoir séduit la planète.
Même s'ils ne sont pour l'instant exploités industriellement qu'en Amérique du Nord, de plus en plus de pays aux profils très différents s'ouvrent à l'exploration du gaz ou... du pétrole de schiste.
Pour l’instant, seuls les USA et le Canada mènent cette exploitation à une échelle industrielle et produisent en quantités commercialisables. D’autres pays semblent prêts à les suivre.
Dressons le bilan.
LES PAYS QUI SE LANCENT DANS L'EXPLORATION
La POLOGNE.
Une quinzaine de groupes internationaux prospectent avec plusieurs dizaines de forages déjà réalisés, mais avec des résultats jusqu'ici inférieurs aux attentes des industriels
Le ROYAUME-UNI, où le gouvernement soutient l'exploration des hydrocarbures de schiste, et une campagne de forages vient de démarrer dans le sud de l'Angleterre. La société Cuadrilla avait dû interrompre ses premiers forages après l'enregistrement de légères secousses telluriques, mais en décembre 2012, le gouvernement Cameron lui a donné l'autorisation de reprendre ses activités avec des contrôles renforcés.
Le DANEMARK a accordé deux licences d'exploration (co-détenues par Total), mais les forages ont été repoussés afin de réaliser des études environnementales.
L'UKRAINE a conclu en janvier un contrat d'exploration avec Shell.
L'ESPAGNE ou encore la ROUMANIE viennent également d'attribuer des permis d'exploration.
L'ARGENTINE, présenterait l'un des plus grands potentiels mondiaux d'après l'EIA. La compagnie nationale YPF a déjà foré des dizaines de puits de pétrole de schiste sur le plateau de Vaca Muerta, et a signé un accord avec Chevron.
La RUSSIE possèderait les plus grosses réserves mondiales de pétrole de schiste, toujours d'après l'EIA. Total et Shell s’y intéressent de près, shell ayant signé en avril un accord avec une filiale de Gazprom.
La CHINE encourage la prospection. Des forages ont déjà commencé mais avec des résultats pour le moment inférieurs aux espoirs des industriels.
En AUSTRALIE, des compagnies ont commencé à prospecter.
Au CANADA, où l'extraction du pétrole de schiste se développe déjà dans la province de l'Alberta, le Québec, tout en imposant un moratoire sur le gaz de schiste, a laissé la porte ouverte à l'extraction du pétrole de schiste dans le Golfe du Saint-Laurent. Des forages vont bientôt démarrer.
LES PAYS QUI Y SONGENT
La LITUANIE est sur le point de signer un accord d'exploration des hydrocarbures de schiste avec Chevron.
En ALLEMAGNE, le gouvernement Merkel qui avait proposé d'autoriser de manière très encadrée l'extraction du gaz de schiste, a renoncé face à de vives oppositions y compris au sein de la majorité, le projet de loi a été provisoirement enterré, en attendant les législatives.
L'ALGERIE, producteur majeur de gaz naturel, et qui détiendrait d'importantes ressources potentielles de gaz de schiste, a révisé cette année sa loi sur les hydrocarbures en vue de favoriser l'exploration et la production du pétrole et du gaz non conventionnels, dont le gaz de schiste.
L'AFRIQUE DU SUD, après avoir imposé un moratoire, envisage d'autoriser l'exploration du gaz de schiste avant des élections prévues en avril 2014.
LES PAYS QUI RESISTENT
La FRANCE a interdit mi-2011 l'emploi de la fracturation hydraulique (quelle que soit la composition du fluide utilisé), fermant de fait la porte à l'extraction du gaz et du pétrole du schiste sur son territoire. L'interdiction a été confirmée l'an dernier par la nouvelle majorité de gauche et plusieurs permis soupçonnés de viser des hydrocarbures de schiste ont été annulés ou rejetés dans la foulée. Le Conseil Constitutionnel a déclaré le 11/10/2013 la loi constitutionnelle.
La BULGARIE et la REPUBLIQUE TCHEQUE ont mis en place des moratoires l'an dernier.
Les PAYS-BAS avaient accordé deux permis d'exploration mais ont bloqué les projets de forages en attendant des études.