Gaz de schiste. Quand le rêve vire au cauchemar.

 

 

 

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es lobbys gaziers en France n’ont décidément peur de rien. Leur forcing destiné à nous faire accepter cette exploitation catastrophique est d’autant plus indécent que les retours d’expériences provenant des USA sont chaque jour plus inquiétants. Le miracle que l’on continue à nous présenter apparaît jour après jour en réalité comme un cauchemar. Aux USA, la catastrophe est en marche.

Après des années de silence, les langues se délient et les rapports alarmistes se succèdent. Deux récents rapports d’organisations indépendantes tirent  la sirène d’alarme sur les conséquences de l’exploitation du gaz de schiste.

Dans les Etats les plus touchés, Pennsylvanie, Texas, Louisiane, cette exploitation se traduit en effet par une catastrophe écologique et sociale considérable. 

Les conséquences écologiques.

L’extraction du gaz de schiste est en train de transformer des terres agricoles en un désert empoisonné par les produits chimiques. Là bas, à propos de la fracturation hydraulique, on parle de «terrorisme vert» en raison de ses effets secondaires catastrophiques.

Dans de nombreuses zones, l’eau potable est devenue un véritable poison. La quantité de fuites de liquides  toxiques  dans la formation géologique peut dépasser les 70% des volumes injectés.

Pour les familles touchées, frappées par la maladie, pas d’autre solution que de vendre leurs propriétés à bas prix et de partir loin se refaire une santé. Une famille par exemple s’est vu offrir une « compensation » (le mot est joli) de 750.000 dollars pour quitter la zone contaminée sans divulguer d’informations sur les effets du gaz. Prenez l’argent et taisez-vous ! Les cas d’intoxications avérées se multiplient, et les victimes sont menacées pour qu’elles gardent le silence.

Se rajoutent à ces effets, les tremblements de terre dont on sait aujourd’hui, sans le moindre doute, qu’ils sont directement liés à la pratique de la fracturation hydraulique. Pendant l’observation de la région depuis plus d’un an, les spécialistes ont enregistré 109 tremblements de terre, d’une magnitude maximale de 3,9. 

Les conséquences sociales : l’exemple de la Pennsylvanie.

Des études menées par l’organisation « Food and Water Watch » dans cet état qui a vu surgir près de 5000 puits entre 2005 et 2006, montrent des conséquences sociales également critiques.

Cette organisation compare la situation de certaines régions de l’Etat de Pennsylvanie à celle de la Californie avec la ruée vers l’or des années 1850.

L’arrivée massive de nombreux travailleurs n’est pas sans conséquences dans de nombreux domaines.

Augmentation importantes des MST en raison de l’arrivée massive de la prostitution (+32,4% de cas de chlamydia et de  gonorrhée entre 2005 et 2010).

Nombre d’accidents impliquant des poids lourds deux fois supérieur dans les zones de fracking avec une augmentation moyenne de 7% chaque année depuis l’apparition de la fracturation alors qu’il a baissé de 12% dans les comtés  sans fracturation.

Arrivée massive de travailleurs  qui bouleverse fortement le tissu social de comtés principalement ruraux. Forte augmentation de l’alcoolisme et de la délinquance, capacités d’accueil et d’hébergement insuffisantes qui provoquent la hausse des loyers ainsi que l’apparition de sites de vie où les conditions d’hygiène et de salubrité ne sont pas souvent conformes.

Toutes ces études indépendantes mettent également à mal le mythe des créations d’emplois.

Entre 2005 et 2012, le nombre de puits aux Etats-Unis est passé de 14 000 à plus de 500 000, et cela  n’a créé  qu’un peu plus d’un emploi par puits. Dans les comtés d’Ohio, au cœur du boom du gaz de schiste, l’emploi a augmenté de 1,4% entre 2011 et 2012 alors que les autres comtés d’Ohio (sans schiste) ont gagné 1,3% sur la même période. L’exploitation du gaz de schiste est en effet destructrice d’emplois locaux, notamment ceux liés à l’agriculture et au tourisme (pensons-y chez nous).

Les Etats Unis continuent donc de vivre avec cette obsession de l’indépendance énergétique pendant 100 ans (promesse électorale du président actuel). C’est cet argument que les lobbyistes français reprennent à leur compte. La réalité pourtant les contredit fortement.

Il est techniquement impossible d’extraire la majeure partie du schiste, en raison du coût exorbitant d’un tel objectif.

Maintenir la production actuelle aux USA demanderait des forages jusqu’à 7000 mètres selon l’expert américain David Hughes. Forer à de telles profondeurs coûterait 42 milliards $ USD. Or la valeur de tout le gaz de schiste produite par les États-Unis l’an dernier a totalisé 32,5 millions de dollars. L’indépendance grâce au gaz de schiste est un leurre.

Cela signifie en clair, que compte tenu du rythme actuel de la consommation américaine et des réserves exploitables à un coût « raisonnable », les réserves américaines seront suffisantes  pour environ onze ans. Et si la consommation de gaz augmente, les ressources seront épuisées beaucoup plus tôt.

Signe que le mirage s’évanouit, les exploitants de gaz de schiste ont commencé depuis cet été à liquider leurs actifs dans l’exploitation du  gaz de schiste.

Et c’est dans cette aventure que les industriels français entendent nous lancer ? Foutaise !

 

  

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16/01/2015
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