Gaz de schiste : l'UE renonce à encadrer l’exploitation
ue les opposants au gaz de schiste restent éveillés, le gaz de schiste n’est pas prêt de disparaitre du paysage. Certes la France, pour l’instant, interdit la fracturation hydraulique, mais c’est vraiment une protection à minima.
Partout en Europe, les opposants manifestent, avec parfois des réactions virulentes des autorités, et ils avaient mis leur espoir dans les décisions européennes.
Nombreux étaient ceux qui espéraient une législation protectrice, mais, pour ne « déranger » personne parmi les états membres, la Commission de Bruxelles a renoncé à encadrer par la loi, au niveau européen, l'exploration et l'exploitation des pétroles et gaz de schiste. Elle s’est contentée d’une simple « recommandation » non contraignante aux capitales européennes.
Cette décision désavoue Janez Potocnik, le commissaire européen chargé de l'environnement, qui désirait limiter l'impact écologique de la fracturation. M. Potocnik était soutenu par les eurodéputés mais trop « mollement » par certains Etats, comme la France et l'Allemagne.
L’opposition la plus virulente venait du Royaume Uni, de la Pologne, de la Roumanie en particulier, pays qui on le sait bien ont décidé d’emboîter le pas des USA à la poursuite d’une énergie prétendument bon marché.
Face à de telles pressions, Le président de la commission Manuel Barroso a courageusement tranché pour « une simple recommandation ».
La commission préfère donc fixer une série de « principes communs minimaux » afin d’harmoniser les conditions d'extraction des hydrocarbures non conventionnels. « Libre à chaque gouvernement d’aller au-delà. Et de légiférer s'il le souhaite ». Il est préconisé de procéder à une « évaluation approfondie de l'impact environnemental de chaque projet avant l'attribution de permis d'exploitation et d'exploration et précise les critères qui devraient conduire au lancement de la production ».
La commission, toutefois évoque clairement les risques liés à l'extraction des gaz de schiste. « Les experts sont d'accord pour dire que les gaz de schiste équivalent à un impact environnemental cumulé supérieur, par comparaison, à celui de l'extraction de gaz conventionnel ».
Le lobbying forcené de la Grande Bretagne n’est sans pas doute pas pour rien dans cette « non décision ». En effet, sous la baguette de Cameron, elle s'engage clairement dans la filière du gaz de schiste, estimant une manne aussi importante que celle provenant du pétrole de la mer du Nord. Le représentant du Royaume Uni à Bruxelles déclare sans ambages que « Notre stratégie à court terme est de s'assurer que le paquet climat contienne des lignes directrices robustes, inspirées par le Royaume-Uni, mais pas de proposition législative ». Difficile d’être plus clair.
Lobbying efficace donc, car, même avec ses alliés objectifs que sont la Pologne, la Hongrie, la Slovaquie et la république Tchèque, le Royaume Uni n’aurait jamais pu rassembler une minorité de blocage suffisante pour faire capoter des propositions de lois contraires à leurs intérêts. Cette « non décision » comble donc l’Angleterre.
La méfiance est donc plus que jamais de mise. L’Europe, que nos dirigeants utilisent si aisément comme prétexte pour nous faire « avaler » les pires décisions, est visiblement très réceptive aux arguments du plus libéral de ses membres.
Nous sentons bien que seule la mobilisation pourra influer positivement sur le cours des choses.
Brèves de gaz …
Les lobbys sont passés à l’action : ils ont visiblement de bons relais dans les hautes sphères du pouvoir. En effet, Montebourg et Fabius relancent le débat en avançant la possibilité d’une extraction du gaz écologique. Outre le fait que cette « extraction propre » n’existe que sur le papier, rappelons que c’est l’ensemble de la chaîne de production qui est polluante.
Une info pour confirmer la précédente : Environ 70 % des experts français de l’énergie pensent que l’exploration du gaz de schiste sera un jour autorisée dans l’Hexagone. Et chacun sait combien les « experts » ont leurs entrées dans les allées du pouvoir.
Preuve s’il en faudrait de la dangerosité de cette exploitation, cet accident en cours en Pennsylvanie. Un incendie dans un forage, hors de contrôle pour l’instant. On regarde brûler et on attend. Imaginons juste pareil accident dans notre département !
En Angleterre, où le premier ministre agit avec zèle et dévouement pour le développement du gaz, le gouvernement a déclaré légale la fracturation. L’Angleterre espère de grosses quantités de gaz de schiste dès 2020.
Et pourtant, tout n’est pas rose au pays du gaz…
En Hollande, La production de gaz sera réduite de près de 20% à la suite de tremblements de terre à répétition. Ça, c’est la réalité !
La fracturation hydraulique a été interdite le 30 janvier en Catalogne.
La Suisse s’apprête à décréter un moratoire.
En France, les opposants sont taxés d’obscurantisme. Nous serions les seuls à nous opposer. La réalité est tout autre. Dans de nombreux pays, Pologne, Roumanie, Angleterre, Australie, USA, Argentine, les opposants sont de plus en plus nombreux et leur opposition se radicalise parfois. Là où les gens sont au contact des forages, ils découvrent la réalité catastrophique de cette exploitation. Continuons donc à nous opposer.