Gaz de schiste: Où nous mènent nos dirigeants?
Voila, nous y sommes. Le premier ministre déclare que l’extraction du gaz de schiste pourrait être envisagée si une technique d’extraction « propre » était possible.
Et là, nous revenons au pêché originel de la lutte anti gaz de schiste. S’être focalisés uniquement sur la technique sans regarder toute la chaîne de production et de transport.
Car, soyons bien clairs, c’est l’exploitation même des hydrocarbures non conventionnels que nous devons refuser sur le territoire national. De nombreux incidents et accidents aux USA montrent clairement la dangerosité de cette exploitation. Ne regarder que la technique de forage, c’est oublier toute la phase d’exploration, le tracé de nouvelles voies d’accès, les norias de camions, la poussière, le bruit, les gazoducs pour relier les sites aux centres de stockage (une quinzaine de mètres de largeur sur des centaines de kilomètres cumulés), les stations de stockage, etc… etc… Et en fin d’exploitation, le paysage laissé avec ses blessures, le gaz qui en profondeur continuera à filtrer et qui cherchera une issue…
Alors, pour nous convaincre, on nous parle de l’Amérique qui paie son gaz 3 fois moins cher que nous, qui crée des emplois… On omet juste de diffuser des images des paysages de gaz, des territoires entiers couverts de puits. On néglige quelques évidences. Les USA, ce sont presque 10 millions de km2, L’état du Texas a une superficie supérieure à la France. Et bien, malgré cette démesure, pour que cette exploitation soit rentable et satisfasse l’appétit démesuré des américains, les territoires sont recouverts de puits, on fore en ville, on fore sous les cimetières ! Ramené à la France, cette frénésie, cette démesure effraient. Car, soyons clairs. Cette exploitation (si on l’admet) doit être rentable. Quand on sait que la durée de vie et de production d’un puits est bien plus limitée qu’on ne le prétendait au début, elle ne peut être rentable et satisfaire à nos besoin qu’en multipliant les forages. Si on se contente de quelques puits comme certains voudraient nous le laisser croire, alors, cela ne sert à rien ! Quelques mètres cubes de gaz ne valent pas que l’on sacrifie des territoires entiers.
Alors, que nous réserve cette position non avouée du premier ministre ? Une France avec quelques puits de gaz pour faire plaisir aux compagnies gazières, ou une France transpercée de toutes parts, avec des régions entières devenues inhabitables, touristiquement mortes, sans plus un seul agriculteur, pour satisfaire à notre boulimie énergétique ? Je ne veux pas de cette France où les régions gazières deviendraient des no mans lands uniquement dévoués à la production d’hydrocarbures. Cette éventualité m’est insupportable, mais c’est pourtant ce qu’il adviendra si la France cède aux sirènes des exploitants pollueurs de cette planète.
Un sursaut citoyen est donc plus que jamais nécessaire, indispensable pour empêcher que nos Causses soient demain un monstrueux gruyère tout entier dévolu aux multinationales gazières et pétrolières !