Entre technocratie et autoritarisme


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es chiffres qui m’ont interpelé, surtout dans la situation politico-sociale actuelle. Voyez plutôt : selon un sondage Ifop, 38% des Français seraient prêts à accepter un régime autoritaire et 55% confieraient la direction du pays à des experts non élus pour réformer la France.

 

Enoncé comme cela, ça ébranle quelque peu.

 

38% des sondés donc seraient favorables à ce que la direction du pays soit confiée à un pouvoir totalitaire. Si j’en crois l’analyse des sondeurs eux-mêmes, cette proportion reste stable et apparemment solidement ancrée en France que ce soit avant l’avènement de Macron ou après. Si on affine un peu les données de l’enquête, on voit que 50% des sympathisants LR sont sur cette ligne, quand 55% le sont pour les sympathisants FN. On doit donc en déduire que les sympathisants de gauche font sérieusement diminuer ce pourcentage ce qui est, permettez-moi de le dire, plutôt rassurant d’une certaine manière.

 

Vous aurez compris que je lis ces données à la lumière des évènements récents liés à la révolte des gilets jaunes. Que dans ce pays, pratiquement 4 français sur 10 ne verraient pas d’un mauvais œil (pardon pour cette allusion) un pouvoir autoritaire, que les comportements de très (trop) nombreux représentants des forces de l’ordre et les propos comme les attitudes du ministre qui en est responsable, tout cela n’a rien de rassurant et soulève chez moi les pires inquiétudes. En effet, une frange de population aussi importante tournée vers l’autoritarisme étatique accompagné par des forces de l’ordre votant déjà à plus de 50% pour le FN et un pouvoir qui semble se laisser bien facilement séduire par des thèses fascisantes… Tout cela n’est pas rassurant !

 

L’autre chiffre questionne également, à peine moins dramatique que le précédent. 55% des sondés sont favorables à un régime purement technocratique, entendez par là uniquement composé d’experts non élus assurant les réformes. Des gens qui, non élus, pourraient prendre sans risque pour leur réélection des décisions éventuellement impopulaires. Ces gens pensent probablement que dans une société bloquée, c’est du moins comme cela qu’ils la voient, il faudrait se débarrasser du processus électoral et démocratique pour faire sauter les verrous.

 

Cette vision est concédons-le moins brutale que la première mais explique sans doute une partie des soutiens de Macron qui voient certainement en lui le jeune technicien, ni de droite ni de gauche, qui a mis en place un pouvoir technocratique auquel ils accordent du crédit.

 

Ces chiffres et ces considérations, en plein mouvement des gilets jaunes sont probablement générateurs de risque pour la société française. Entre des gilets jaunes qui revendiquent toujours plus de démocratie et une prise en compte de leurs revendications, et une frange non négligeable de la population qui n’a que faire d’un fonctionnement démocratique de la société, le tout ajouté aux basses manœuvres de provocation d’un président méprisant et d’un ministre de l’intérieur dangereusement obstiné, on sent bien le risque patent d’une explosion sociale qui serait dramatique.

 

Ne soyons pas naïfs, les gilets jaunes, malgré tous les mérites que je leur reconnais ne sont pas la France, et ceux qui ne se reconnaissent pas dans ce mouvement ont encore des arguments à faire valoir et surtout un pouvoir à l’écoute et bien décidé à les satisfaire.

 

Qu’on se le dise !

 



30/01/2019
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