Billets du 01 juin au 10 juin
Les médias français font-ils de l'information ou de la propagande?
Voici la transcription de l’interview de Poutine d’hier. C’est la traduction de la version intégrale issue du site du Kremlin (ou ici en russe, ou là).
En effet, pour faire tenir cette interview de 41 minutes en 24 minutes, TF1 a sabré largement dans certaines parties. Comme il a été décidé de couper des éléments essentiels sur la Crimée, l’opposition dans les médias français, et de laisser des propos sans intérêts genre sur la langue qu’il utilise avec Hollande, le mot censure me semble adapté – vu qu’il y a rétention d’informations importantes qui éclaireraient le public français. D’autant que rien n’empêchait de mettre en ligne sur le web la version complète… Et je reviendrais sur la faute inacceptable de traduction quand il parle d’Hillary Clinton.
Ceci étant, reconnaissons qu’il est salutaire que TF1 et Europe1 aient interviewé Vladimir Poutine…
Tout est donc traduit ici – les passages censurés sont en exergue – à vous de voir s’ils méritaient de l’être…
Question (Bouleau) – Bonsoir, M. le président. Merci beaucoup d’accueillir Europe 1 et TF1 dans cette résidence, dans votre résidence de Sotchi pour cet entretien exceptionnel. Jeudi soir, vous serez reçu à l’Élysée par le président François Hollande et le lendemain, le 6 juin, vous participerez aux commémorations du Débarquement. Ce sera la première fois pour vous que vous irez sur les plages de Normandie. Mais c’est aussi la première fois qu’un président russe participera et sera invité à ces cérémonies. Qu’est-ce que cela vous fait en tant que citoyen russe d’être invité à cette commémoration exceptionnelle ?
Vladimir Poutine – C’est un événement important pour l’Europe et le monde entier. Nous allons rendre hommage à ceux qui ont empêché les nazis de réduire l’Europe en esclavage. Je pense que la participation de la Russie à cette commémoration est chargée de symboles. Je veux dire par là que la Russie et les autres pays de la coalition antihitlérienne, y compris la France, étaient alliés dans cette lutte pour la liberté. La participation de notre pays a été très importante, voire décisive pour vaincre le fascisme.
Mais nous n’oublierons jamais non plus les combattants français de la Résistance, notamment ces soldats français qui sont venus combattre à nos côtés sur le front de l’Est, le front germano-soviétique. Et il me semble que c’est quelque chose qui doit nous rappeler notre passé et, en même temps, nous servir à construire nos relations d’aujourd’hui et de demain.
Question (Elkabbach coupant Poutine) – Justement, vous avez, avec la Russie, votre place sur les plages de la Normandie. Jusqu’à l’âge de quarante ans, vous viviez en Union soviétique. Vous avez vu son effondrement. Et vous participez, vous, activement à la renaissance de la Russie. Qu’est-ce que vous voulez ? Qu’est-ce que vous cherchez ? Votre stratégie est-elle une stratégie de dialogue ou d’expansionnisme et de conquête ?
Vladimir Poutine – Non, bien sûr. Je suis persuadé que dans le monde contemporain une politique basée sur l’expansionnisme et les conquêtes n’a aucun avenir. Il est évident que la Russie, dans le monde d’aujourd’hui et de demain, peut être et doit être partenaire de ses alliés historiques dans le sens large du terme. C’est cela que nous voulons et nous allons continuer d’œuvrer en ce sens. C’est la seule manière dont nous pouvons concevoir nos relations avec nos voisins et tous les autres pays.
Question (Elkabbach) – Mais vous voulez être l’avocat de la nation russe ou le symbole d’un nationalisme russe, d’un empire russe ? On se sait ce que vous avez dit quand l’Union soviétique s’est écroulée : « L’éclatement de l’empire soviétique a été la pire catastrophe géopolitique du XXe siècle. » Cela a été beaucoup interprété. Et vous avez dit : « Celui qui ne regrette pas l’Union soviétique n’a pas de cœur et celui qui veut la reconstituer n’a pas de tête. » Or, vous avez une tête. Qu’est-ce que vous proposez : le nationalisme russe ou un empire russe sur les frontières d’avant ?
Vladimir Poutine – Nous n’envisageons ni de soutenir le nationalisme russe ni de reconstituer un empire. Quand je disais que la disparition de l’URSS était une des plus grandes catastrophes du XXesiècle, je parlais d’une catastrophe humanitaire avant tout. Je voulais dire qu’en URSS existait une population qui – quelle que soit son origine ethnique – vivait dans un pays uni. Par contre, après sa dissolution, 25 millions de Russes se sont soudain retrouvés dans des pays étrangers. Et cela a été une vraie catastrophe humanitaire. Ni politique, ni idéologique, mais un problème d’ordre humanitaire. Des familles ont été séparées, beaucoup de gens ont perdu leur emploi et se sont retrouvés sans ressource, sans moyen de communiquer. C’est là qu’était le problème.
[Passage coupé]
Question (Elkabbach) – Et à l’avenir ? Voulez-vous reconstituer l’empire dans ses anciennes frontières ou voulez-vous continuer à développer votre pays à l’intérieur de ses propres frontières ?
Vladimir Poutine – Nous souhaitons développer notre pays à l’intérieur de ses frontières, bien sûr. Mais – et ceci est très important – comme d’autres pays dans le monde, nous voulons utiliser des moyens modernes pour devenir plus compétitifs, notamment grâce à l’intégration économique. C’est ce que nous faisons dans l’espace de l’ex-URSS dans le cadre de l’Union douanière et de l’Union eurasiatique.
Question (Bouleau) – Président Poutine, alors que nous discutons ici un pays voisin qui n’est pas très lointain, l’Ukraine, est en état de guerre. Il n’y a pas d’autre mot. Les pro-russes affrontent ceux qui veulent garder les frontières actuelles de l’Ukraine. Qui va les arrêter et voulez-vous arrêter cette guerre ?
Vladimir Poutine – Vous savez, personnellement, je ne parlerais pas de ces gens-là comme des pro-russes ou des pro-ukrainiens. Il y a des personnes qui ont des droits, politiques, humanitaires et ils ont besoin de pouvoir en jouir.
Par exemple, en Ukraine, jusqu’à aujourd’hui les gouverneurs de toutes les régions sont encore nommés par le pouvoir central. Or, après le coup d’État inconstitutionnel qui a eu lieu à Kiev en février de cette année, la première chose que le nouveau pouvoir a tenté de faire était de supprimer le droit des minorités d’utiliser leur langue maternelle. Cela a provoqué une grande inquiétude chez une grande partie de la population en Ukraine orientale.
Question (Elkabbach) – Et cela vous ne l’avez pas accepté. Mais est-ce que vous dites, président Poutine, que nous sommes rentrés dans une nouvelle phase de la guerre froide, même glaciale entre l’Est et l’Ouest ?
Vladimir Poutine – Premièrement, j’espère qu’il n’y aura pas une nouvelle phase d’une guerre froide. Deuxièmement, et j’insiste là-dessus, les gens, où qu’ils vivent, ont des droits et doivent avoir la possibilité de les défendre. Voilà ce qui est en jeu.
[Passage coupé]
Question (Elkabbach) – Y a-t-il un risque de guerre ? Maintenant, alors que des chars font route depuis Kiev, de nombreuses personnes en France se posent cette question : « Avez-vous été tenté d’envoyer des troupes à l’Est de l’Ukraine ? »
Vladimir Poutine – Il s’agit d’un entretien ce qui suppose des questions courtes et des réponses courtes. Mais si vous êtes patient et me donnez une minute, je vais vous dire comment nous voyons les choses. Voici notre position. Qu’est-ce qui s’est réellement passé là-bas ? Il existait un conflit et ce conflit est survenu parce que l’ancien président ukrainien a refusé de signer un accord d’association avec l’UE. La Russie a une certaine position sur cette question. Nous avons estimé qu’il était en effet déraisonnable de signer cet accord, car il aurait eu un grave impact sur l’économie, y compris l’économie russe. Nous avons 390 accords économiques avec l’Ukraine et l’Ukraine est un membre de la zone de libre-échange au sein de la CEI. Et nous ne serions pas en mesure de poursuivre cette relation économique avec l’Ukraine en tant que membre de la zone de libre-échange européenne.
Nous en avons discuté avec nos partenaires européens. Au lieu de poursuivre avec nous ce débat par des voies légitimes et diplomatiques, nos amis européens et américains ont soutenu une prise du pouvoir armée et anticonstitutionnelle. Voilà ce qui s’est passé. Nous n’avons pas provoqué cette crise. Nous aurions voulu que les choses se passent autrement, mais après le coup d’État anticonstitutionnel – avouons-le, après tout…
Question (Elkabbach coupant Poutine) – Mais on voit tant de tensions dans la vie politique. Pourtant, malgré cela, vous serez en Normandie pour parler de paix alors que Barack Obama continue d’exhorter l’Europe à s’armer.
Vladimir Poutine – Eh bien, il faut continuer de parler de paix, mais il faut comprendre les causes et la nature de cette crise. Le fait est quepersonne ne devrait être porté au pouvoir par un coup d’État anticonstitutionnel armé, plus particulièrement dans l’espace post-soviétique, où les institutions gouvernementales n’ont pas encore atteint leur pleine maturité. Quand cela s’est produit, certaines personnes ont accueilli avec joie ce régime tandis que d’autres, disons, dans l’Est et le Sud de l’Ukraine ne veulent tout simplement pas l’accepter. Il est essentiel de parler avec ces gens qui n’ont pas accepté cette prise de pouvoir au lieu de leur envoyer des chars, comme vous le dites vous-même, au lieu de tirer à partir d’avions des missiles sur des civils et de bombarder des cibles non militaires.
La suite à lire avec beaucoup de profit sur le blog Les crises.fr
Le problème n’est pas la richesse, mais sa répartition.
Combien parmi les ardents partisans du libéralisme que je connais me répètent (sans doute aussi pour s’en persuader) que les états n‘ont plus d’argent, que l’argent des riches de toutes façons ne suffirait pas à soulager la misère du monde. Ils rejettent d’un revers de la main ce qui est pourtant une évidence. La planète n’a jamais autant créé de richesse, et les pauvres n’en n’ont jamais aussi peu profité. La richesse produite est bel et bien confisquée dans un nombre réduit de mains qui se « gavent », il n’y a pas d’autre mot, jusqu’à sans doute ne plus savoir qu’en faire.
Outre cet autre article déjà publié – lire ici – voici une autre information qui donne à réfléchir et montre clairement où se situe le problème de la planète.
La confiscation des richesses.
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Sur ce graphique tiré d’informations parues dans le Sunday Times (Sunday Times rich list), la fortune cumulée par les 1000 citoyens britanniques les plus riches est comparée à quelques autres chiffres.
Cette fortune qui a doublé sur les 5 dernières années représente le tiers du PIB (GDP - Gross Domestic Product) du Royaume Uni, elle est 3 fois supérieure au PIB de la Grèce, et ne parlons pas du Congo bien entendu.
Pas besoin de longs discours ne trouvez-vous pas. Cette richesse est scandaleusement démesurée. Pendant que les politiques d’austérité réduisent les peuples à la misère, les plus fortunés continuent d’amasser…
Il est alors permis de se demander quel est le but ultime et caché de cet appauvrissement généralisé et délibéré des peuples au profit d’une frange réduite de la population de la planète ?
Les dividendes ont augmenté de 31% dans le monde depuis 2013
C’est la crise mon pauvre monsieur, l’argent manque, les petites gens doivent apprendre à serrer plus encore leur ceinture afin de ne pas plonger plus encore leur pays dans les difficultés… Bien voyons…
Il se trouve encore des gens pour croire à ce discours…
La réalité ? Elle et tout autre dans le monde feutré des nantis.
Les dividendes versés par les plus grandes entreprises mondiales à leurs actionnaires ont augmenté de 31 % par rapport à la même période l’an dernier. 228 milliards de dollars pour 3 000 grandes entreprises cotées dans le monde.
Le figaro l’annonce, « 2014 s’annonce d’ores et déjà comme une année record en matière de rémunération des actionnaires ». Ouf ! on est rassurés, compte tenu de la situation dramatique de la planète, on s’inquiétait un peu pour eux.
En 2013, le total annuel des dividendes versés par les sociétés cotées en bourse a dépassé 1 000 milliards de dollars dans le monde. 300 milliards de plus qu’en 2009. Soit une augmentation de 43 % en 5 ans! 218 milliards pour le seul secteur financier.
Entre 1999 et 2005, les dividendes versés en France par les entreprises du CAC 40 avaient effectué un bond de 71 % , Les investissements baissaient de 35 % dans le même temps. C’est face à une telle situation que le gouvernement prévoit d’exonérer les entreprises d’impôts et de cotisations sociales à hauteur de 30 milliards d’euros. On se demande bien d’où peut venir cette colère que l’on sent dans la population.