Aux platanes de Bégoux
Les arbres poussent en silence. A Cahors, on les élimine dans le vacarme des tronçonneuses et des broyeuses. « L'arbre est le lien entre les mondes souterrain et céleste. Arbres, éternels efforts de la terre pour parler au ciel qui l'écoute. » A Cahors, des élus sans scrupules et sans dignité ont délibérément rompu ce lien fondamental. Perte de contact, abîme à jamais ouvert entre les hommes et la Terre. Gens sans racines et sans vision, qui voient un obstacle là où il n’y a que vie. « Les arbres s’échangent les oiseaux comme des paroles ». A Cahors, on préfère le bruit des moteurs aux doux chants colorés des passereaux. Symboles de vie, ancrant toujours plus profond leurs racines dans la Terre pour s’élever vers le soleil, à Cahors on les élimine, on n’aime pas les symboles, on n’aime pas le vivant. Ces arbres disparus, ce sont des absences, des vides, des blessures définitives dans le ciel. A Cahors on n’est sans doute pas poète non plus, on remplace l’ombre par l’absence. Comment ne pas haïr ces gens et leurs décisions iniques. Ces magnifiques platanes se gêneront plus de misérables décideurs. Leurs feuilles ne voltigeront plus pour nous raconter l’automne.
« J'aime appuyer ma main sur le tronc d'un arbre devant lequel je passe, non pour m'assurer de l'existence de l'arbre - dont je ne doute pas - mais de la mienne. » A cahors, on n’aime pas que la nature nous rassure sur ce que nous sommes, on n’aime pas que l’arbre accompagne nos promenades, on n’aime pas les arbres, on n’aime pas, on ne respecte pas le message universel des arbres, eux qui comme nous ont les pieds rivés au sol, mais dont les feuilles sont tellement plus près des étoiles.