Algérie: la méfiance est de mise.
émission de Bouteflika.
Journalistes et politiques unanimes pour applaudir à la nouvelle. Et les poncifs qui se déversent à la pelle, autre forme du ruissellement macronien. Magnifique peuple algérien qui a obtenu le départ du vieillard en quelques semaines de manifestations pacifiques... Les revoilà les manifestations pacifiques: en Algérie, elles ont donc abouti à la victoire sur le despote et son clan tout puissant. Quel exemple! Et les éditocrates tout émoustillés de nous expliquer que lorsque le peuple défile dans l'ordre et le respect, il arrive à ses fins.
Bien entendu, vous l'entendez le message subliminal! Si les gilets jaunes n'étaient pas d'horribles casseurs stupides et irrespectueux, eux aussi auraient obtenu gain de cause. Mais on croit rêver! Ils nous feraient presque croire qu'ils l'auraient souhaité cette victoire des gilets jaunes, eux qui ont grandement participé à discréditer le mouvement et sceller sa défaite (même si rien n'est encore certain!)
Alors, comme je le faisais en 2012 à propos des révolutions arabes, je regarde les derniers événements avec beaucoup de circonspection et de méfiance.
Les manifestations tout d'abord. Incontestablement, une mobilisation massive comme la France n'en a pas connu hélas. Les algériens ne sont pas contentés de se déclarer solidaires d'une protestation, ils sont descendu massivement dans la rue, et là-bas, pas de Castaner pour minimiser les chiffres.
Les réactions des autorités ensuite. Force est de constater qu'il n'y a eu aucune forme de pression ni de répression comme celle que nous connaissons en France. Par contre, personne pour nous dire si les forces de l'ordre ont refusé la répression, si les ordres n'ont pas été donnés ou si l'Algérie est à ce point démocratique qu'elle laisse le peuple s'exprimer. Une réponse à cette interrogation serait pourtant importante.
Le rôle de l'armée. On nous persuade que l'armée a abandonné celui qu'elle a toujours soutenu. Étrange! Ce brave général qui est présenté comme celui grâce à qui la victoire a été possible a été l'indéfectible soutien de celui qui aujourd'hui capitule. Il a été dans le système, il est le système.
Je crois donc qu'il faut regarder les évènements avec la plus grande prudence. Dans les jours qui viennent, que va faire l'armée, que va faire l'oligarchie algérienne qui détient toutes les clés? Que va faire ce qu'il reste du clan Bouteflika? Que va faire la population semble-t-il fermement décidée à renverser la table définitivement! Je vois deux positions sans doute irréconciliables entre une population qui ne veut rien garder d'un pouvoir qu'elle exècre et ce qui reste de ce pouvoir et qui s'accroche à une constitution qu'il a mise en place pour se perpétuer et à laquelle il ne semble pas décidé de toucher.
Courage donc aux algériens, mais concentrons-nous également sur ce qui se passe en France ou le pouvoir a verrouillé le système, joue de la violence et de la terreur pour empêcher l'extension du mouvement de protestation, et surtout où la population manifeste par sondages interposés mais reste frileusement chez elle.