Syrie: le long calvaire des enfants
'ai regardé cette photo de longues minutes, entre douleur et colère. Rongé par ce profond sentiment d'impuissance, forme aiguë de désespoir. Dans les misérables débats qui nous déchirent ici, le regard perdu de ce pauvre enfant blessé nous entraîne au fond d'un abîme de souffrance. Pas d'horizon dans ces yeux, pas de larmes non plus. Il est perdu comme nous le sommes nous-mêmes, mais lui, il a la souffrance en plus. S'il grandit, que pensera-t-il de ce monde qui savait sa détresse et qui n'a rien fait? Que pensera-t-il de nous. Aura-til la force ou l'envie de pardonner à tous ceux qui l'ont abandonné, ou basculera-t-il dans la haine et la spirale mortelle de la vengeance.
Cette photo est une douloureuse preuve de plus que l'humanité a définitivement perdu le sens de la fraternité, de la compassion, de la nécessité de lutter pour le bien, pour le juste.
Cet enfant doit s'incruster dans nos mémoires et rester notre mauvaise conscience. Témoignage poignant d'un monde qui aurait pu le protéger de cet enfer, de ce calvaire, de cette vie en morceaux.
Cet enfant brisé, c'est toute une humanité qui s'émiette, qui se transforme en poussière avant de nous ensevelir... Définitivement.
Il se prénomme Omrane, il a échappé à l'enfer d'Alep!