SOCIALISER LE SYSTÈME BANCAIRE : UNE URGENTE ET IMPÉRIEUSE NÉCESSITÉ ÉCONOMIQUE, SOCIALE, POLITIQUE ET DÉMOCRATIQUE,


 par Patrick Saurin

 

https://static.blog4ever.com/2012/01/636480/l_6657445.gifes différents projets de réforme bancaire initiés aux États-Unis avec la loi Dodd-Franck, au Royaume-Uni avec la Commission Vickers, en Europe avec le Groupe Liikanen et en France tout dernièrement avec le projet de « loi de séparation et de régulation des activités bancaires » ont suscité un large débat. À ce jour, les prises de positions, les discussions et les polémiques ont porté quasi-exclusivement sur le fait de savoir s’il faut ou non séparer la banque de détail et la banque de financement et d’investissement (BFI)[1]. Pour légitime et importante qu’elle soit, cette question est l’arbre qui cache la forêt. En effet, au-delà du choix de séparer ou pas les deux types de banques qui coexistent actuellement dans le modèle de banque universelle, la préoccupation essentielle doit porter sur le rôle des banques et leur mode de fonctionnement avant la question du simple aspect organisationnel. Quelle utilité y a-t-il pour les populations de séparer les deux banques si leurs activités respectives ne sont pas mises au service de la collectivité ?

Le système bancaire privé a été le principal responsable de la crise financière de 2007-2008 qui perdure encore en 2013. Libres de toutes contraintes et animées par un seul souci spéculatif, les banques ont conçu des produits plus risqués les uns que les autres qui ont généré des pertes considérables. Les pouvoirs publics auraient dû, les premiers, tirer les leçons de cette crise et prendre des mesures adaptées à l’encontre des principaux fautifs, les établissements financiers. Pourtant, au lieu de s’attaquer aux racines du problème, ils ont choisi de laisser les banques agir en dehors de tout contrôle et faire supporter le prix de la débâcle financière aux populations à travers de violents, injustes et inefficaces plans d’austérité.

Cette situation est d’autant plus inadmissible qu’une réforme en profondeur de l’organisation et du fonctionnement du système bancaire est aujourd’hui une urgente et impérieuse nécessité économique, sociale, politique et démocratique.

Sur le plan économique, de l’avis même des experts des institutions officielles, les dommages causés par les banques sont considérables. Selon une étude de la société d’analyses Alphavalue, depuis 2007, les 4 grandes banques universelles françaises (Société Générale, BNP, Crédit Agricole et BPCE) ont détruit 81 % de leur valeur actionnariale[2]. Au-delà de nos frontières, Luc Laeven et Fabián Valencia, deux économistes du FMI, chiffrent les conséquences des crises bancaires comme suit[3] :

Socialiser le système bancaire

L’impact économique de la crise provoquée par les banques s’est répercuté avec une grande violence au niveau social. Partout, on observe la mise en œuvre de politiques d’austérité, de coupes budgétaires qui, loin d’apporter une solution au problème, font payer l’addition aux populations. Il n’est que de regarder du côté de la Grèce, laboratoire de ces politiques, pour mesurer le prix social imposé aux populations :

- Une baisse du SMIC porté à 480 euros nets et à 417 euros nets pour les nouveaux salariés
- Pour les moins de 25 ans, ce même SMIC à moins de 400 euros nets
- Un gel des salaires pendant au moins 3 ans
- Une baisse de 15 % des retraites avec une pension de 320 euros pour les nouveaux retraités
- Un taux de chômage de 25 % avec 50 % des jeunes de moins de 25 ans sans emploi
- Près de 30 % de postes de fonctionnaires supprimés en 3 ans
- Une diminution de 40 % du budget des hôpitaux en 3 ans
- Une hausse du taux de suicide comprise entre 25 et 40 % en 3 ans
- Une progression annuelle de la consommation d’héroïne de 20 %
- Une augmentation de 50 % des infections au virus VIH1[4]
- Un quasi-doublement des vols et des homicides en 3 ans
- Un quart de la population menacé par la pauvreté
- Des mois de salaires impayés pour un tiers des ouvriers
- 14 % de travailleurs pauvres
- 10 % d’enfants souffrant de malnutrition et des écoles sans livres scolaires et souvent sans chauffage
- 31 % de la population menacés de pauvreté ou d’exclusion

L’Espagne suit aujourd’hui le même chemin avec un taux de chômage des jeunes de 50 % et la privatisation d’hôpitaux publics et de centres de santé. En France, c’est le système des retraites qui est à nouveau dans la ligne de mire du MEDEF qui propose de ne plus indexer sur l’inflation les pensions servies par les caisses de retraite complémentaire du privé (Agirc et Arrco) et envisage une baisse du taux de réversion dès le 1er janvier 2014 qui passerait de 60 à 56 %.

 

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08/02/2013
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