Sans nom et sans visage, morte en France, Mon hommage
Mon hommage...
l est des informations qui me peinent plus que d’autres. Aujourd’hui, je lis dans « La voix du Nord » qu’ « Une jeune fille originaire d’Afrique de l’est a été renversée par une voiture sur l’A16 dans la nuit de lundi à ce mardi, vers 3 h 30, alors qu’elle traversait l’autoroute avec un groupe de migrants. Elle est décédée quelques heures plus tard à l’hôpital de Calais. » Cette disparition me cause un chagrin immense. Chagrin pour cette vie foudroyée, chagrin pour cette jeune personne qui, de galères en galères, de misère en espoirs fous, s’est retrouvée sur notre sol où la mort l’attendait. Chagrin devant ce sort implacable qui frappe les plus démunis, les plus fragiles, les plus désespérés, qui pousse sur les routes de l’exil des enfants qui ont compris que chez eux plus rien n’est possible et à qui on a fait croire qu’ailleurs c’était le paradis. Chagrin que cette jeune fille vienne d’un continent exploité, pillé, pollué par des entreprises sans scrupules dont un des dirigeants vient de disparaître lui aussi, mais sous les éloges et les hommages. Chagrin de cette mort anonyme, de la fin d’une vie qui ne laissera rien, même pas un prénom, même pas un visage, même pas une larme, même pas une pensée… Tous les dieux l’ont abandonnée, les hommes également… abandonnée à sa seule force, à sa seule énergie, à ses seuls rêves, à son destin. Mon hommage je le sais n’envahira pas les médias, mais j’y tenais, juste pour croire que cette jeune fille n’est pas désespérément seule et que l’humanité n’est pas totalement indifférente… Et désespérée !