Rythmes scolaires
Bon ! Je ne peux pas faire l’économie d’une opinion sur la réforme des rythmes scolaires. Instituteur, directeur de ZEP pendant 30 ans, j’ai une petite idée sur la question. J’ai connu les 4 jours et demi et le passage aux quatre jours.
J‘ai fait partie à l’époque de ceux qui s’opposaient au passage à la semaine de 4 jours, considérant qu’il s’agissait là d’une réforme « bourgeoise » et favorable à la vie personnelle des enseignants. Le week end de 2 jours est une revendication d’habitants des villes, des familles recomposées, et des petits bourgeois qui partent en week end à la campagne. Pour ma part, je pensais qu’une bonne réforme devrait être une réforme qui place les enfants en tête du dispositif. La surcharge de travail sur une semaine de quatre jours ne répond pas aux besoins des enfants. La rupture de deux jours dans les quartiers défavorisés se paie chèrement le lundi. Enfants fatigués, démotivés, déconnectés par le long week end à traîner dans la rue où devant des programmes de télé inappropriés. On m’objectera peut-être que le pays entier ne doit pas se plier à un rythme imposé par « les quartiers »… peut-être. Mais l’échec scolaire frappe principalement dans les milieux fragiles. C’est donc là et pour eux que la République doit faire le plus d’efforts. Cette réforme est dans l’esprit de celle instituée par Alain savary (il y a bien longtemps je sais) qui ambitionnait de « donner le plus à ceux qui ont le moins ».
Les réactions actuelles à cette réforme, sans nier les difficultés de mise en place, ont quelque chose de choquant. En tête de la fronde, les grandes villes, Paris en tête. Egoïsme ? Hypocrisie ? Mes ex-collègues apparaissent comme participant à une entreprise éminemment corporatiste. Les enseignants parisiens, en tête des défilés alors qu’ils sont déjà tellement choyés ne sont guère crédibles.
Je dirai donc aux enseignants de penser en priorité aux enfants dont ils ont la charge. Je dirai aux parents de ne pas être toujours en demande et de patienter un peu. Je dirai aux maires qui se plaignent du coût de la réforme qu’ils sont élus pour décider des priorités : les enfants doivent être la priorité des priorités. Malheureusement, j’ai le sentiment que chacun s’oppose mais pour des raisons différentes et pas toutes avouables. Unanimité de façade pour un statut quo qui satisferait tout le monde sauf les premiers concernés : les enfants. Il faut que cette réforme soit menée, il faut que les parents ne pensent pas qu’à eux, il faut que les enseignants mettent leur mission au premier plan…