Rendez l'argent: ou comment récupérer 200 milliards
« Les caisses de l’État sont vides », « je dirige un État en situation de faillite » : ce refrain revient avec chaque plan d’austérité budgétaire et salariale, chaque renoncement à l’action écologique. Pour François Fillon, la « dérive de la dépense publique » justifierait 100 milliards de coupes sur 5 ans. Emmanuel Macron et Marine Le Pen n’en proposent « que » 60 milliards. Ce qui veut dire diminuer le nombre de postes de fonctionnaires, couper les vivres aux collectivités locales, reculer encore l’âge de la retraite (François Fillon) ou supprimer la Sécurité sociale pour les étrangers arrivant en France (Marine Le Pen et François Fillon).
Contrairement au discours dominant, il n’y a pas eu de « dérapage » des dépenses publiques, qui sont restées stables depuis 25 ans, autour de 55 % du PIB. Le niveau élevé des dépenses publiques en France correspond à un choix de société, auquel la population est attachée, avec une éducation et une santé publiques. Evidemment toute dépense publique n’est pas bonne par principe et on ne doit pas se passer d’un examen des dépenses inutiles. Certaines sont certainement à réorienter ou à supprimer. Mais il est indispensable de rappeler une réalité trop souvent ignorée : si les déficits et la dette ont flambé, c’est que les recettes publiques ont été progressivement érodées par les cadeaux fiscaux, l’évasion et la concurrence fiscales.
Il est possible de récupérer plus de 200 milliards d’euros par an. Comment? Par des mesures balisées et crédibles, qui pourraient être mises en œuvre par un gouvernement volontariste et poussé par les citoyen·ne·s, associations, mouvements et syndicats mobilisé·e·s en ce sens. Ce rapport en dresse une liste, non exhaustive :
une lutte efficace contre l’évasion fiscale (80 milliards d’euros)
une taxation de l’ensemble des transactions financières (36 milliards d’euros)
la suppression des niches fiscales les plus injustes et inefficaces (15 milliards d’euros, hors Pacte de responsabilité et CICE)
parmi ces niches, en particulier, la suppression du Pacte de responsabilité et du CICE (40 milliards d’euros)
des réformes fiscales visant une plus juste distribution des revenus et des richesses (20 milliards d’euros)
la suppression des subventions directes et indirectes aux énergies fossiles (10 milliards d’euros)
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