Qu'est-ce qu'il reste?


 

 

 

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n plein sac de soucis, dans de mauvais décors,
On compulse ses maux, on se guette le corps
Les yeux dans son nombril, vieux cordon de la mort
Et l’on hurle à la lune.
Chaque fois le miroir nous dit qu’il se fait tard
Nous renvoie du dedans notre destin bâtard
Et l’on tremble et l’on fuit
Se roulant dans sa nuit
On se cache la lune.
 
La liberté flashée, à poil, dans un éclair
On croit s’en approcher et on se fout en l’air
Liberté sans pouvoir, ce n’est qu’un mot en l’air
Retombant sur ta gueule.
Assis au fond de toi, seul en face du temps
Tu n’es qu’un minutier, qui tourne et qui attend
Qu’un otage assiégé
Comme un colis piégé
Bourré jusqu’ à la gueule.
 
Plus de finalités auxquelles s’encorder
Quand le profit s’est mis en premier de cordée
Son savoir de la vie qui ne peut s’accorder
Au seul besoin d’être autre.
Le désir de changer, plumé de cent façons
De « comment vivre libre », il manque les leçons
On a forcé des murs
Mais avec ces vieux murs
On en renforce d’autres .
 
Je ne serai jamais Paul Newman ou Bardot
Mes vieilles illusions font un plus lourd fardeau
La déprime ruisselle en haut du batardeau
Un peu plus : je me nègue.(1)
La frime des néons attise nos motifs
En fait des papillons, rageurs et émotifs
Mourant vers le matin
Quand la lampe s’éteint
Dans la toile qui pègue.(2)
 
Mais qu’est-ce que je suis, ai-je jamais été ?
Que vais-je devenir, quel futur m’acheter ?
Hier, ce soir, demain, tout n’est que répété
Vivement que j’implose !
On ne se voit plus vivre en s’écoutant mourir
En regardant passer sa vie sans s’en nourrir
On ne voit plus venir
Que sa mort sans tenir
Compte d’aucune chose.
 
Du geste, du regard, on crie « regardez-moi !»
Mais ils courent tous, sourds, après leur fin de mois
Et, couché près de toi, je n’y cherche que moi
Assez ! la solitude !
La sexualité est-elle libérée ?
Ou seraient-ce nos peurs que l’on veut enterrer ?
Il n’y a que le corps
Pour qui l’on garde encor
Des brins de gratitude.
 
Mais mon cul s’épaissit, mes cheveux se font gris
Mes seins piquent du nez, mon sexe est rabougri
Mon ventre est brioché, ma jeunesse a maigri
Dites-moi : qu’est-ce qu’il reste ?
MA vie, MON foie, Mes nerfs, MON temps, Ma peur, MON cœur
MON argent, MES nausées, MES envies, MES rancoeurs
Et ma pensée pourrit
De ce qui l’a nourrie
Après moi,…s’il en reste !
 
Il reste, autour de toi, dans quelque corridor
Des gens seuls, pleins de faim, que l’hiver froid endort
D’autres qui jouent leur sang dans des San Salvador
Face à des dictatures.
Il reste les grévistes qu’on fait matraquer
La vérité masquée, la vérité casquée
La famille expulsée
La violence impulsée
Les mouroirs qu’on emmure.
 
Il reste tant d’argent pour tant d’exploitation
Tant de soleils éteints, tant de mutilation
L’Etat prostitué, la longue aliénation
Tant d’autres solitudes.
La Loi, entre deux macs, en train de s’embrailler
Le costard du fascisme en train d’être taillé
Le cœur dévalisé
Le con vulgarisé
L’idée en servitude.
 
Des airs de liberté qui ne sont que des airs
Pour les minots cognant dans les rues du désert
Y cherchant Goldorak et ses rétro-lasers
Comme on cherche fortune.
L’égalité couchée au creux d’un caniveau
L’overdose est montée jusqu’au plus bas niveau
De vie et d’avenir
Où, pour pouvoir tenir
On se vend pour deux thunes.
 
Dans un monde louant, sans fin, l’individu
Qui ne peut que s’y vendre ou qu’être « un invendu »
L’avenir de chacun est d’avance perdu
S’il écarte les autres.
Seul , tu ne seras jamais libre entièrement
On ne peut s’affranchir que collectivement
Je te libèrerai
Je vous libèrerai
Libérez-moi, les autres !

Pour ne plus être seul, regarde un peu ailleurs
Sors un peu de ton Moi, c’est un triste tailleur
Entre chez la révolte, on y meurt mieux qu’ailleurs
Et vas sécher tes larmes.
Avec les exploités, licenciés , dépouillés
Ceux qui n’ont dans leurs poings que des printemps rouillés
Dans vos lamentations
Coulez des munitions
Et chargez-en vos armes !


Pour un bon tir groupé,
La cible est à trouver.

 

Marius Vinson

 

(1)je me noie    -    (2)qui colle

 

 

 



11/12/2018
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