Plus de 11 millions de Français en situation de pauvreté ou d'exclusion
PARIS - Plus de 11 millions de Français sont touchés par la pauvreté ou l'exclusion, souligne un rapport publié jeudi, qui observe que la pauvreté sous toutes ses formes a augmenté en France depuis le milieu des années 2000.
Même si la France avait d'abord "plutôt bien résisté" à la crise 2008-2009, ses conséquences sont "lourdes, multiples et échelonnées dans le temps", souligne l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale (Onpes) dans son rapport 2011-2012, qui a compilé et commenté une vingtaine d'indicateurs.
En 2009 (dernière année disponible), 11,2 millions de personnes étaient touchées soit par la "pauvreté monétaire", soit par "des privations matérielles sévères" soit par une "très faible intensité de travail", trois critères définis et mesurés par la Commission européenne.
Parmi elles, 700.000 personnes cumulaient les trois indicateurs.
Si l'on considère les données de l'Insee, le taux de "pauvreté monétaire" 2009 retrouvait son niveau de 2000, à 13,5% de la population, après un "point bas à 12,6%" en 2004, rappelle le rapport.
8,2 millions de personnes vivaient ainsi en 2009 avec moins de 60% du niveau de vie médian, soit 954 euros.
L'Onpes insiste aussi sur "la grande pauvreté" (40% du revenu médian) dont la hausse est "lente et progressive (et) difficilement enrayée par notre système de protection sociale" : près de deux millions de personnes vivaient en 2009 avec moins de 640 euros par mois, soit 3,3% de la population.
Un taux "en nette progression (depuis) 2005, et sensiblement plus élevé qu'au cours de la première partie de la décennie" (2,7% en 2000; 2,5% en 2004; 3,2% en 2005).
Ce mouvement de remontée de la pauvreté, accentué par la crise de 2008, avait donc débuté dès le milieu des années 2000, "en lien, selon l'Onpes, avec la hausse généralisée des inégalités de revenus aux deux extrêmes de la distribution" des richesses.
L'Onpes attire l'attention sur des publics particulièrement vulnérables: les familles monoparentales (près de 30% de pauvres), les jeunes (22,5%) ou les femmes âgées (environ 15%).
L'instance officielle constate aussi que "disposer d'un emploi n'est plus une condition suffisante pour franchir le seuil de pauvreté", tant l'emploi s'est raréfié et précarisé (chômage, CDD, intérim, temps partiel).