Pauvre tu es né, pauvre tu resteras et on te le reprochera.
'argument est répandu chez nombre de français, même, et je dirais surtout, chez ceux qui sont dans la difficulté. Les minimas sociaux encourageraient la fainéantise, les pauvres le seraient de leur propre faute. Argument reconnaissons-le repris complaisamment et abondamment par nombre de politiques.
Ça, c'est pour les adultes: mais quid de leurs enfants?
En France, on nait pauvre, on grandit pauvre, on reste donc pauvre. Sortir de la pauvreté, c'est de fait, mission impossible.
Les enfants de familles sans diplôme quitteront le système scolaire sans diplôme eux aussi. Et qui dit absence de diplôme dit impossibilité de trouver sa place dans un pays où les emplois ne demandant pas de diplôme diminuent ((1 million de moins entre 2008 et 2015) et ceux exigeant un diplôme sont plus nombreux (plus 800 000 dans le même laps de temps).
En France donc, pays développé, la pauvreté apparait comme un encombrant héritage. Le système, à l'inverse de nombreux pays européens développés, ne corrige pas les inégalités.
Ce gouvernement ne semble pas décidé à lutter efficacement contre cette injustice flagrante tant ses premières mesures sont plus orientées vers les plus riches et favorisés que vers les plus fragiles. Ce n'est pas le petit effort des effectifs de classes divisés par deux dans les zones en difficulté qui y changera grand chose.
Et là, le serpent se mord la queue.
On ne fait guère pour les plus pauvres car le pauvre dérange, le pauvre agace, le pauvre est forcément responsable de son état, il est un profiteur fainéant. Et la boucle est bouclée. On ne peut rien pour lui, on ne pourra rien pour ses enfants.
Resterait à comprendre pourquoi le pauvre est à ce point rejeté, fait à ce point office d'épouvantail social, est si déconsidéré par un proportion considérable de la population soumise elle aussi souvent à des difficultés.
Epouvantail ou menace, ou image d'un devenir que l'on craint pour soi-même?
En attendant, le riche assoit sa domination et sa tranquillité sur cette tension entre les "pas grand chose", les "riens", et "les moins que rien"!