Nuit debout, le philosophe était indésirable!
inkielkraut s’est donc fait expulser de la manif « nuitdebout » de samedi. Réaction immédiate du monde politique de gauche à droite, réactions du monde médiatique, et plus surprenant, réaction de soutien de gens « ordinaires » sur les réseaux sociaux. Tous reprenant l’essence de la condamnation publiée par MM Le Pen dénonçant le caractère sectaire et intolérant de « nuitdebout »… Quand le FN parle d'intolérance, je ris toujours pardon!
Lorsqu’un consensus est aussi large, je deviens instantanément méfiant… Vieux réflexe.
La question que je me pose, cette mise sur la touche est-elle si scandaleuse ? La « victime » n’est pas n’importe qui. Sa présence dans la manifestation, même s’il la présente comme une volonté de voir et comprendre, peut être regardée comme une petite provocation. La réaction aujourd’hui ressemble à un bon plan communication. On parlait peu de lui, il fait la UNE, passe pour une victime de la liberté d’expression… C’est tout bénéfice.
Je n’ai guère de considération pour le personnage vous l’aurez deviné. Sa position philosophique au cœur du système, sa présence et son audience dans les médias en font un des responsables de l’état actuel d’une société en perte de repères et sans doctrine de substitution. Je me suis demandé si dans un monde qui musèle tant de personnes, faire taire un supporter fervent de l’oligarchie est si scandaleux ? Ce mouvement récent et non encore installé devrait avoir les vertus que l’adversaire n’a pas ?
Monsieur Finkielkraut, plus souvent polémiste que philosophe, a découvert ce que c’est que d’être pris à parti, rejeté, il a mesuré ce que de nombreux français vivent au quotidien, le déni de parole, la mise en touche sans avoir aucun média pour se faire plaindre eux. L'arroseur arrosé!
Les réactions que d’aucuns qualifient de violence sont à regarder à travers ce que représente ce personnage. L’homme a été rejeté car ce qu’il représente et défend est rejeté. Sa réponse à ceux qui l’ont pris à parti n’a pas été de la plus grande élégance, pourquoi aurait-il alors fallu prendre des gants avec lui ?
J’ai le sentiment que nos élites ne tolèrent les mouvements de protestation qu’à la condition qu’ils restent « festifs, bon enfant, organisés, non violents, gentiment contestataires » en un mot qu’ils ne servent à rien et surtout pas à remettre en cause le système, ceux qui le soutiennent et ceux qui en profitent.
Cet épisode Finkielkraut nous amène à nous demander si les mouvements sociaux doivent avoir pour objectif d’aménager le système et dans ce cas débats et consensus sont incontournables et il faudra négocier avec les actuels détenteurs des leviers de commande, ou si l’objectif final est de renverser le système et dans ce cas, rejeter et balayer ceux qui l’ont créé, construit, soutenu et piloté. Pour enfoncer un peu plus le clou, je crois que ces "penseurs patentés" ne sont pas utiles à la démocratie. leurs idées parfois toxiques sont une plaie. Les voir disparaître ne me gênerait guère.
Au-delà de la simple histoire du philosophe en mal de pub, se pose probablement la question de l’avenir du mouvement qui débute.
Pour enrichir votre réflexion et situer la mésaventure Finkielkraut, je vous livre cette citation :
« Il y a trois sortes de violence.
La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés.
La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première.
La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres.
Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue. »
Helder Camara
Pour clore le débat