Nucléaire : nos dirigeants nous mettent en danger
La France et l'Angleterre font pression pour s'opposer à ce que de véritables « stress tests » soient menés sur les centrales nucléaires à l'échelle européenne. Cela témoigne non pas d'une inconscience qui serait déjà fautive, mais bien d'une mise en danger délibérée des populations européennes.
En effet, le refus de réaliser de véritables « stress tests » permettant de voir le comportement de nos installations nucléaires en cas de crash d'avions, d'erreurs humaines et pas seulement de catastrophes naturelles, est bien la preuve de la connaissance parfaite qu'ils ont du résultat inéluctable de tels tests : une catastrophe.
Dès lors, plutôt que de choisir la sûreté et la protection des populations, c'est le risque délibéré qui est privilégié au bénéfice de l'industrie nucléaire. Ce comportement, à la fois irrationnel et criminel au sens propre du terme comme au sens figuré, a trois conséquences.
La responsabilité personnelle des politiques est engagée
Les ministres qui auront soutenu cette position porteront en cas d'accident le poids à titre personnel de ce choix et ce, d'autant plus que la directive sur l'application du droit de l'environnement par le droit pénal inclut le domaine nucléaire dans son champ d'application. En droit français, le délit de mise en danger délibéré d'autrui pourrait parfaitement être évoqué.
Un validation qui crée un précédent
La deuxième est de valider des « stress tests » qui seront aussi sérieux que ceux consécutifs à la crise du système bancaire. Sauf qu'ici, le risque n'est pas seulement économique. Il est aussi physique. Et contrairement aux assertions du président de la République, il ne s'agit pas de peurs moyenâgeuses et virtuelles mais bien contemporaines et réelles.
Vers une montée de l'euroscepticisme
La troisième enfin est de détruire encore davantage la confiance de nos concitoyens non seulement dans les technologies, mais surtout – et c'est le plus grave – dans leurs institutions et singulièrement les institutions européennes.
En effet, nos concitoyens ne sont pas stupides et comprennent parfaitement que les contrôles a minima faits de surcroît pas ceux-là même qui sont censés être contrôlés pour n'avoir pas envisagé convenablement la réalité des risques ne répondent pas aux enjeux. Ils perçoivent que leur sécurité est sacrifiée sur l'autel du développement nucléaire, malgré les propos lénifiants tenus sur l'impératif de sécurité.
C'est intolérable et ce d'autant plus que les rares peuples appelés à se prononcer sur le choix nucléaire ont toujours voté contre. Il ne faut donc pas s'étonner de la montée de l'euroscepticisme qui ne pourra que croître avec de tels choix.
Photo : la centrale nucléaire de Cruas la nuit, dans le Sud de la France, en avril 2011 (Benoit Tessier/Reuters).