Nous avons trouvé 200 milliards pour financer la transition écologique et sociale!
quelques jours de la semaine mondiale d'action contre l'évasion fiscale, Dominique Plihon présente le rapport publié cette semaine par Attac intitulé «Rendez l'argent». Ce rapport démontre qu’il est possible – et urgent ! – de récupérer près de 200 milliards d’euros par an en France.
“Les caisses de l’Etat sont vides”, “L’Etat est en faillite”, tels sont les mantras répétés en boucle par certains candidats et les médias qui les soutiennent pendant cette campagne électorale. Pour François Fillon, « la dérive des dépenses publiques » justifie les coupes sombres de 100 milliards d’euros annoncées sur 5 ans. Emmanuel Macron et Marine Le Pen n’en proposent « que » 60 milliards. Ce qui veut dire diminuer le nombre de postes de fonctionnaires, couper les vivres aux collectivités locales, reculer encore l’âge de la retraite (François Fillon) ou supprimer la Sécurité sociale pour les étrangers arrivant en France (Marine Le Pen et François Fillon).
Fin février, un rapport commandité par l’Institut de l’entreprise demande à nouveau de « réduire la dépense publique pour renouer avec la prospérité »: il a été rédigé par Michel Pébereau, ex-président de BNP Paribas, la banque n°1 de l’évasion fiscale.
Contrairement au discours dominant, il n’y a pas eu de « dérapage » des dépenses publiques qui sont restées stables depuis 25 ans, autour de 55% du PIB. Le niveau élevé des dépenses publiques en France correspond à un choix de société, auquel la population est attachée, avec une éducation et une santé publiques. Evidemment toute dépense publique n’est pas bonne par principe et on ne doit pas se passer d’un examen des dépenses inutiles. Certaines sont certainement à réorienter ou à supprimer. Mais il est indispensable de rappeler une réalité trop souvent ignorée : si les déficits et la dette ont flambé, c’est que les recettes publiques ont été progressivement érodées par les cadeaux fiscaux, l’évasion et la concurrence fiscales.
En réalité, de l’argent, il y en a beaucoup, concentré entre quelques mains. L’actuel président de la République, autoproclamé "ennemi de la finance", n’a quasiment rien fait pour le récupérer. Pire, il a offert aux entreprises plus de 40 milliards de cadeaux fiscaux supplémentaires prélevés sur les salariés et la majorité des contribuables. Exaspérée, une partie des classes populaires se réfugie dans l'abstention ou, comme aux États-Unis, dans un vote nationaliste et raciste.
Ainsi, rien n’oblige à détruire l’emploi et les droits sociaux, à appauvrir les services publics ou à bloquer les investissements dont nous avons désespérément besoin pour engager la transition. L’argent est là, accumulé, dissimulé, évadé par les plus riches et les multinationales. L’impôt, qui devrait être vu comme une « contribution citoyenne », est discrédité par la fraude et l’évasion auxquelles se livrent les privilégiés. L’injustice fiscale sape les fondements du contrat social.
Rendez l'argent: le rapport d'Attac
Cliquez l'image pour lancer le téléchargement.