Nous avons pris un bien mauvais chemin!
Si c’est humanité que de donner le choix entre école en France et famille, alors, je ne sais plus ce qu’est l’inhumanité. Alors, je sais, on va me traiter de bobo, démago, rigolo, gaucho, intello, sentimentalo, et que sais-je encore. Mais que je m’en moque. Dans ce pays qui dérive, quand les petits s’acharnent sur les plus petits encore, quand les pires théories revoient le jour, quand la fraternité laisse place à la haine, quand l’invective s’invite dans tous les discours, que l’insulte l’emporte sur l’argument, je me crois autorisé à exprimer ma plus intense opposition. Cette malheureuse affaire Leonarda agit comme un révélateur de ce que notre société a de pire. Un état déliquescent, un exécutif pour lequel l’atermoiement semble la règle, un discours qui distille un poison mortel dans les esprits, des partis enfoncés dans la démagogie et le clientélisme, des médias qui participent à l’appauvrissement général de la pensée, des français qui se laissent complaisamment séduire par les pires arguments. Je n’aime pas les chemins sur lesquels ce pays s’engage, je n’aime pas la médiocrité ambiante, je n’aime pas la fange et la puanteur distillés à longueur de temps, je n’aime pas la bassesse, la violence exprimée sans retenue. Ils sont misérables ceux qui rajoutent du malheur au malheur, de la misère à la misère en se pensant dans leur bon droit. Mais de quel droit s’agit-il ? Droit d’humilier, droit de rejeter, droit d’abandonner, droit de refuser à l’autre une vie minimale ? Je n’aime pas ce pays quand il ment, qu’il dissimule, qu’il renie, qu’il se renie. Je n’aime pas ces gens qui maudissent leurs frères et refusent l’évidence de ceux qui les martyrisent vraiment. Nous devenons un petit peuple avec de petites ambitions, de petits raisonnements, de minables considérations, d’obscurs desseins. Nous avons perdu tout ce qui a fait notre grandeur, du pays des lumières nous devenons le pays de l’ombre. Chaque jour qui passe apporte son lot d’infamie, ceux qui auraient vocation à assurer le bien commun n’agissent qu’au service d’une oligarchie impitoyable. Des nantis toujours plus fortunés se « gavent » sur le dos d’une multitude toujours plus pauvre, mais les responsables désignés sont les minorités errantes et misérables. Nous avons perdu le sens commun, le sens de l’honneur, le sens de l’histoire. Il faut que ce pays retrouve le chemin de l’honneur dont il s’est tellement éloigné.