Notre vie à la main.
En regard des célébrations nationales, de la quasi vénération que semblait porter la majorité de la population aux Résistants de 39-45, sans doute pour espérer s'affubler de quelques débris d'héroïsme, je m'étais déjà interrogé, il y a longtemps: combien auraient eu ce courage, aurais-je su moi aussi aller jusque là? La dernière question du texte peut engendrer quelque réflexion nouvelle: approchons nous d'une époque où la situation pourrait nous imposer d'affronter pareille interrogation? Les vents d’Amérique du sud portent de sales odeurs…
(Certains pourraient en être surpris mais je ne faisais que rappeler ce qui fut rangé dans les "faits divers": un enfant d'une dizaine d'années s'était suicidé parce que sa mère avait été emprisonnée pour...un crime...de quelques francs...)
Le texte mis en musique
orsque l'on n'a plus rien , sous l'espoir, à se mettre
Quand sa vie est perdue sans pouvoir la jouer
Quand tout nous est tracé, avant même de naître
Vivant sa mort très tôt, sans jamais dénouer
L'écheveau des comment, des vrais et des possibles
De la finalité qui règle nos instants
Quand on nous dit tireur mais qu'on demeure cible
Quand on s'est cru le tout et qu'on est le restant
Lorsque l'argent encadre l'image qu'on projette
Sur le moindre avenir, barbelant l'horizon
Des utopies vaincues, des réalismes bêtes
A force de raisons en forme d'oraisons
Lorsqu'en un tournemain on te marginalise
Te faisant immigré, chômeur ou délinquant
Lorsque trop de valeurs se sont fait la valise
Laissant des suicidés, de dix à cent cinq ans
Quand l'électoralisme étouffe dans ses urnes
La peur du changement que la misère attend
Quand la démocratie enfile ses cothurnes
Pour mettre en scène son cirque débilitant
Quand, au bout de la grève, manque l'alternative
D'où naîtraient de nouveaux rapports de production
Quand la légalité tue toute perspective
Puisque légitimant, de Droit, l'exploitation
Quand pouvoir, décisions, lois et buts nous échappent
Quand le couple, l'enfant, les vieilles vérités
Le savoir, le vouloir, comme une ancre, dérapent
Va-t-on encore "arguer" des objectivités?
Lorsque l'on a plus rien que son temps à reperdre
Quand, de pouvoir ,le vivre, l'idée a trop saigné
N'ayant rien à gagner, sinon sa vie à perdre
On n'a plus rien à perdre...que sa vie à gagner
Lorsque le parcours circulaire recommence
Menant des "aujourd'hui" à chaque lendemain
Menant d'un peu d'enfance au bout de l'existence
Menant vers nulle part qui soit hors du chemin
Alors, quand on est là, nous jeune espèce humaine
Si l'on sait qu'il nous reste à faire "l'être... humain"
Et pour le mettre à jour, et dans combien de peines
S'il nous fallait mourir, notre vie à la main
Est-ce qu'on saurait mourir, notre vie à la main?
Marius