Pour...


Bonsoir. Je ne sais si en rédigeant ce texte j’étais animé de restes d’espoir ou en train  d’énoncer un vœu… athée, mais je voulais évoquer des raisons, les pires et les meilleures, les universelles et les individuelles, nous appelant à changer le monde. Un virus nous demande comment on peut encore en douter.

En relisant le texte, il m’a semblé qu’un passage, pour être mieux perçu, pouvait mériter une explication. Deux réfugiés de la guerre d’Espagne habitaient le quartier. L’un d’eux, gravement handicapé, s’était pendu et son camarade avait sombré dans une « folie douce ». Vêtu de hardes ornées de décorations faites de capsules de bière, de plaquettes de carton, de couvercles de yaourts… on le sentait venir de loin et on ne l’acceptait plus dans les commerces. Mais un siège sportif, devenu un peu Maison du peuple, le laissa entrer et lui permit quand il en avait besoin d’avoir droit à une bière et un sandwich. Aussi un jour, en remerciement, il apporta une boîte de conserve garnie de fleurs qu’on ne vendait pas chez les fleuristes. On l’appelait Pellico. Salut à lui.

Courage à tous. Et si…après…on se décidait…pour… ?

 

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our un moment d’un creux de rive
Pour quelques joncs près des labours
Pour nous à nu et des mains folles
Pour deux seins nus entre les dents
Pour une odeur sous la salive
Pour une robe tout autour
Un peu de boue sur les guibolles
Et comme du courant dedans
Pour des gestes qu’on cherche et ose
Et le dernier qu’on n’ose pas
Mais qu’on fera, avec des choses…
Qu’on ne dit pas
 

Pour un matin poussant la porte
Devant un homme et sa folie
Pour sa maigreur et ses défroques
Pour ses yeux chauds comme un désert
Pour son passé pour seule escorte
Pour son présent sans pain ni lit
Pour ses doigts gris qui soliloquent
En offrant du plus beau des airs
Un pot rouillé de confiture
Où remercient avec orgueil
Cinq fleurs grandies dans les ordures
Comme soleils
 

Pour la sueur qui fait les riches
Et qui les fait riches longtemps
Pour la sueur qui, dans ses gouttes
Prend, chaque jour, un peu, ta vie
Pour la liberté mise en fiches
La liberté d’avoir vingt ans
D’être chômeur, d’avoir la goutte
Et la télé ou un avis
D’aimer au prix où on t’emballe
Et d’avoir ta mort remboursée
Par la Sécurité Sociale
Si t’as versé
 

Pour ce qui rit, pour ce qui pleure
Pour ce qui crée, pour ce qui tue
Pour ce qui est, ce qui va être
Pour ce qui fut, donné ou pris
Pour Mandela redonnant l’heure
Pour les Chilis qui s’étaient tus
Pour les espoirs encore à naître
Et pour le sang qu’ils ont trop pris
Pour juste un chien, pour un sourire
Pour les salauds, pour les amis
Pour le pognon et son empire
Pour tout l’ami

Que tous nos demains soient tout autres
Que l’on soit autres, tous, demain
 

Tout autres

Et nôtres

 

Marius

 



27/03/2020
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