Le "permis de Brive" pour l’exploration du gaz de schiste est rejeté
allez, enfin une bonne nouvelle.
La ministre dit avoir entendu les arguments venus de la région, notamment par le biais du député-maire de Brive Philippe Nauche et du député de la Dordogne Germinal Peiro. - DUGNE Remi
La ministre de l’Écologie, Delphine Batho nous l’a annoncé en exclusivité la demande d’exploration de la société Hexagon Gaz sur la zone de Brive est rejetée.
C’est la fin d’un feuilleton qui durait depuis presque trois ans. Depuis que la société Hexagon Gaz, basée à Singapour, avait formulé, en 2010, une demande d’exploration du sous-sol, dans une zone regroupant le sud de la Corrèze, le nord du Lot et une partie est de la Dordogne, pour y déceler du gaz de schiste et/ou du gaz de houille.
Un feuilleton qui, pour une partie de la population concernée n’avait que trop duré depuis la publication officielle, en juin de l’année dernière, de cette demande d’exploration. La mobilisation des anti-gaz de schiste n’avait alors eu de cesse d’enfler. Jusqu’à cette manifestation dans les rues de Brive, le 8 juin dernier, et qui avait rassemblé 1.500 personnes.
C’est sans doute la raison pour laquelle la ministre de l’Écologie a mis fin, hier, à toutes les spéculations. Delphine Batho en personne a annoncé « le rejet de cette demande dite du permis de Brive ».
« Après analyses des services du ministère », il apparaît que l’exploration « nécessiterait de passer par la fracturation hydraulique ». Une pratique interdite en France comme l’a souvent martelé la ministre, ainsi que le président de la République. « La réponse de l’État est donc parfaitement claire. La porte est fermée à l’utilisation d’une telle technique », ajoute Delphine Batho.
Des doutes sur la sincérité de la société
Est-ce à dire qu’Hexagon Gaz avait l’intention d’y recourir ? « Les analyses menées ont soulevé des doutes sur la sincérité de la société, affirme la ministre. Dans ce secteur, les zones de charbon se situent entre 150 et 250 mètres. L’objet de la demande portait sur des couches se situant de 750 à 1.000 mètres de profondeur, ce qui correspond à de l’exploration pour du gaz de schiste ».
L’instruction du dossier a également permis de révéler qu’il n’y avait pas sur cette zone « de potentiel de gaz de houille ». Enfin, les services de l’État n’ont semble-t-il pas eu de retours très positifs, émanant d’un certain nombre d’opérateurs, sur les références de la société Hexagon Gaz.
En termes de procédure, c’est le préfet coordinateur qui donnera un avis défavorable dans les prochains jours. Il sera entériné par la ministre. « Je confirmerai par ailleurs ce rejet à l’opérateur », indique-t-elle.
Le cas du « permis de Brive » n’est pas unique. Delphine Batho rappelle que des rejets ont déjà été prononcés pour les demandes dites du « permis de Cahors » et du « permis de Beaumont-de-Lomagne ».
Ce nouveau rejet mettra-t-il un frein à d’éventuelles autres demandes ? « La recherche sur d’autres techniques n’est pas interdite par la loi, souligne la ministre. Mais tant qu’il sera question de fracturation hydraulique, il n’y aura pas de permis délivrés. La mobilisation autour de ce dossier prouve que les Français ne veulent pas d’un pays qui se transforme en gruyère.
Pascal Ratinaud